• Tous ceux qui critiquaient notre système politique ont fini par se rendre compte de son efficacité.

• Avec la sagesse d’un vrai leader et les qualités d’un homme d’exception, Si Abderrahmane a toujours su gérer parfaitement les situations de crise.

Comme à son habitude, le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a marqué vendredi dernier l’émission de débat en direct « Invité spécial » sur Chouf TV, en livrant une analyse profonde et pertinente de la situation politique actuelle et du Maroc post-pandémie. Il s’est également exprimé sur la disparition de Si Abderrahmane El Youssoufi, les ambitions de l’USFP aux élections de 2021 et n’a pas manqué de faire quelques propositions qui permettraient au pays de faire face aux répercussions de la pandémie.
Au tout début de l’émission, le Premier secrétaire a considéré que Si Abderrahmane avait une place spéciale dans le cœur de tous les Marocains, même ceux qui s’opposaient à lui et qui n’étaient pas d’accord avec ses choix, ses convictions et ses positions. «Il suffit de voir l’attention particulière que S.M le Roi Mohammed VI a toujours portée au défunt pour se rendre compte de la grandeur de l’homme qu’il était ; un résistant et nationaliste honnête, doublé d’un homme politique intègre», a-t-il souligné. «Sans parler de son nom qui a été donné, de son vivant, à une grande avenue de Tanger. Ce qui constitue une première puisque personne avant lui n’a jamais eu cet honneur», a-t-il précisé, avant d’ajouter : «Il a vécu avec beaucoup de dignité et est mort comme un symbole de la nation». Concernant la relation qui le liait à Si Abderrahmane, Driss Lachguar a expliqué qu’ils sont de deux générations différentes. «Quand Si Abderrahmane a fondé ce parti, j’avais à peine quatre ans et quand il s’est exilé en France, en 1965, je venais tout juste d’avoir mon certificat d’études primaires. Pour vous dire la différence qu’il y a entre nos deux générations», a-t-il noté. «Plus tard quand j’ai rejoint les rangs de la Chabiba ittihadia et que lui est revenu de ses 15 longues années d’exil, j’entendais parler de lui en tant que dirigeant du parti et je suivais, comme tous les jeunes Ittihadis, avec beaucoup d’attention ses brillantes interventions en matière de gestion et d’organisation du parti», a-t-il fait savoir. Et de préciser : «Mais je me suis réellement rendu compte des compétences de l’homme lors d’une étape particulièrement délicate de l’histoire de l’USFP. C’était lorsque le parti avait  pris position contre le référendum au Sahara. A cette époque, beaucoup de membres du Bureau politique ont été arrêtés et le parti avait connu un certain vide au niveau de sa direction. Alors en l’absence d’une grande partie des leaders qui étaient emprisonnés, en plus des lourdes conséquences du retrait du Groupe socialiste du Parlement, le parti était en situation de crise. Et c’est Si Abderrahmane, qui n’était à cette époque ni Premier secrétaire de l’USFP, ni vice-Premier secrétaire, qui avait pris les choses en main et avait réussi, avec la sagesse d’un vrai leader et les qualités d’un homme d’exception, à gérer parfaitement cette situation et à sortir le parti de sa crise». Le Premier secrétaire a également fait  savoir qu’il s’est rapproché de Si Abderrahmane El Youssoufi à l’époque du gouvernement d’Alternance, puisque Si Abderrahmane dirigeait le gouvernement et lui était à la tête du Groupe socialiste au Parlement et qu’il l’a côtoyé davantage lorsqu’il a intégré le Bureau politique, après le 6ème Congrès du parti qui a eu lieu en 2001. «Je peux vous assurer en toute honnêteté que j’ai beaucoup appris de la sagesse de cet homme d’exception et de sa manière de gérer le parti. Si Abderrahmane était pour moi une vraie école», a-t-il expliqué.

Pour ce qui est de  la cérémonie funéraire de Si Abderrahmane El Youssoufi, Driss Lachguar a expliqué qu’il s’agissait, en effet, d’une cérémonie exceptionnelle à cause des mesures dictées par l’urgence sanitaire. «Il y avait  un nombre limité de personnes, a-t-il souligné, et beaucoup n’ont pas pu accompagner le défunt à sa dernière demeure. Mais nous envisageons d’organiser une cérémonie d’hommage qui soit à la hauteur des honneurs dont Si Abderrahmane est des plus dignes, à l’occasion de la commémoration du Quarantième jour de son décès». Le dirigent ittihadi a, dans ce sens, précisé que si le confinement et l’état d’urgence sanitaire prennent fin d’ici là, ladite cérémonie sera organisée sous forme de grande manifestation à laquelle seront invités les amis du défunt dans les mondes arabe et occidentale, dans l’Internationale socialiste et dans l’Alliance progressiste, mais également les adversaires politiques du parti. «Si, par contre, l’état d’urgence est prolongé, nous opterons pour les nouvelles technologies de visioconférence pour pouvoir mettre en place cette manifestation», a-t-il affirmé.
Evoquant la question de la réunification de la famille de gauche, le leader de l’USFP a rappelé qu’il a toujours tenu à travailler dessus mais s’est malheureusement retrouvé à maintes reprises face à des situations confuses. «En tant que premier parti de la gauche, nous avons déployé de grands efforts et nous sommes allés au-delà de notre amour-propre pour discuter en toute modestie avec les autres partis de la gauche mais nos initiatives ont toujours été dénigrées pour satisfaire l’arrogance de certains», a-t-il martelé. Et d’ajouter : «Je peux même vous assurer que nombreuses de nos suggestions en matière des droits des femmes et des jeunes et celles qui concernent la modernité se retrouvent confrontées à une certaine opposition même chez les partis de gauche, pour la simple raison que c’est l’USFP qui en est l’initiateur».
Saisissant l’occasion, Driss Lachguar n’a pas manqué de rappeler que les femmes sont les plus touchées par la crise sanitaire au Maroc. «Il est vrai que l’Etat a déployé beaucoup d’efforts pour distribuer les aides financières aux familles touchées par la pandémie, mais il ne s’est malheureusement intéressé qu’aux hommes et a totalement exclu les femmes alors que beaucoup d’entre elles prennent en charge des familles entières et c’est bel et bien elles qui travaillent pour faire vivre leurs conjoints ou leurs enfants», a-t-il noté.
Questionné sur les raisons qui ont permis au Maroc de réussir dans sa lutte contre les répercussions de la pandémie, l’invité de l’émission de Chouf TV a été catégorique. «Si nous estimons aujourd’hui que nous avons résisté face aux répercussions de la crise sanitaire, c’est d’abord parce qu’on est un pays qui a beaucoup travaillé sur l’agriculture, ce qui nous a permis d’avoir une certaine autosuffisance», a-t-il expliqué, avant d’ajouter : «Imaginez un pays qui doit importer toutes ses denrées alimentaires dans de telles circonstances où les pays du monde entier ont dû fermer leurs frontières». «Il faut également souligner que c’est grâce à la clairvoyance de S.M le Roi et sa vision proactive que le Royaume a pris une série de mesures préventives et proactives pour contenir la propagation de l’épidémie», a-t-il fait savoir, tout en précisant que  «tous ceux qui critiquaient notre système institutionnel ont certainement fait le rapprochement entre la manière marocaine de gérer la crise et celle du reste du monde et je suis parfaitement convaincu qu’ils se sont rendu compte de l’efficacité de notre système politique».  «Le Souverain a usé de tous ses pouvoirs et prérogatives, garantis par la Constitution, d’abord en tant que Commandeur des croyants, puis en tant que chef de l’Etat et chef suprême des FAR, pour faire face à la pandémie», a-t-il expliqué. «Les pays qui ont hésité à prendre des mesures préventives à cause de leur système politique ont fini par le payer lourdement. Si nous avions hésité un mois de plus, la situation aurait pu être catastrophique», a-t-il soutenu, tout en mettant en avant les pouvoirs parlementaire, exécutif et judiciaire qui, selon lui, ont également su s’adapter à la situation. «Il faut dire que la situation de crise que vit le monde a fini par désamorcer toutes les critiques qu’essuyaient injustement nos institutions», a-t-il indiqué.
Le Premier secrétaire n’a, par ailleurs, pas manqué de souligner qu’il existe tout de même certaines faiblesses dans l’approche de l’Etat en matière de gestion de la pandémie et qui sont dues essentiellement «au fait qu’on n’a pas suffisamment travaillé sur la politique de décentralisation et sur le développement de la logistique», a-t-il dit.
Abordant l’apport de l’USFP en matière de lutte contre la pandémie, le dirigeant socialiste a indiqué que le parti a tenu à y participer activement, que ce soit à travers le groupe socialiste parlementaire ou à travers des suggestions et propositions au président. Il a également précisé qu’il a, lui-même, publié une plateforme où il évoque notamment les difficultés auxquelles le pays sera confronté dans l’ère post-pandémie. A cet égard, Driss Lachguar a tiré la sonnette d’alarme en ce qui concerne le ralentissement de l’économie nationale et une éventuelle diminution dans le recrutement de la main-d’œuvre marocaine. « Nous devons travailler sur une approche qui nous permettra d’assurer la paix sociale entre toutes les composantes de la société pour réussir dans notre lutte contre la pandémie », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «Certains estiment qu’il ne faut impliquer que la CGEM dans les concertations concernant la loi de Finances rectificative, ce qui est, à notre avis, en tant que parti socialiste, une grande erreur. Nous considérons qu’il faut également ouvrir un dialogue avec les syndicats et les impliquer dans les décisions et les actions qui seront prises afin de pouvoir concrétiser la paix sociale».
Le Premier secrétaire a, par ailleurs, assuré que «la crise sanitaire a démontré que plus de 60% de l’économie nationale repose sur le secteur informel». « Le Maroc doit impérativement sortir de cette situation, en généralisant l’identifiant fiscal et en institutionnalisant la protection sociale, puisque les Marocains sont désormais conscients de l’importance de la sécurité sociale et de l’adhésion aux caisses de retraite», a-t-il lancé.
Pour ce qui est du déconfinement, le leader du parti de la Rose a rappelé qu’il faut distinguer confinement et état d’urgence sanitaire, avant d’appeler à continuer à appliquer les mesures de l’état d’urgence mais mettre fin au confinement. Il a, dans ce sens, mis en avant la nécessité de redémarrer rapidement la vie économique. «L’Etat ne pourra pas continuer à verser des aides financières aux familles touchées par la pandémie, puisque ses revenus ont considérablement baissé notamment sur le plan des impôts, des taxes douanières, du tourisme, des transferts des MRE, etc.», a-t-il expliqué.
S’agissant des aides financières destinées aux familles touchées par la pandémie et les critiques évoquant les irrégularités dans leur distribution, le dirigeant socialiste a assuré que «les ministères de l’Intérieur et des Finances ont respectivement fait du bon travail en dépit de l’absence d’un registre social unique». «Ils ont réussi dans une large mesure à acheminer cette aide sociale aux personnes nécessiteuse», a-t-il dit tout en précisant qu’il existe bien évidemment quelques exceptions. «Dans ce cas, il faut que le Parlement ouvre des enquêtes, en particulier les groupes parlementaires, pour faire taire les critiques une fois pour toutes», a-t-il estimé. Selon lui, le Parlement doit jouer pleinement son rôle dans le domaine législatif, car «il est inadmissible que la loi concernant le registre social unique reste dans les placards de la Chambre des conseillers», a-t-il expliqué, tout en insistant sur la nécessité de mettre en place ce registre le plus tôt possible.
Répondant à une question concernant le gouvernement d’union nationale, Driss Lachguar a souligné que son appel à la constitution d’un tel gouvernement intervenait dans un contexte marqué par la propagation du coronavirus. «Et si les choses ne s’arrangent pas à l’avenir, la formation d’un gouvernement d’unité nationale serait inévitable», a-t-il dit. « Le Maroc n’a pas connu de polarité concernant les mesures prises depuis le début de la crise sanitaire et ensemble, nous avons constitué un bloc national derrière Sa Majesté pour lutter contre le virus», a-t-il ajouté, tout en précisant qu’il avait auparavant expliqué que pour faire face à la crise, il fallait unir les rangs et laisser de côté le principe de majorité et opposition.
A propos du projet de loi n° 22.20 relatif aux réseaux sociaux et qui a récemment fait l’objet d’une large controverse, le Premier secrétaire a tenu à rappeler que «pour tout projet de loi ou texte réglementaire qui va à l’encontre du référentiel de l’USFP en matière des droits de l’Homme, le parti sera le premier à s’y dresser contre». «L’USFP ne peut envisager de discuter d’un texte qui ne respecterait pas son référentiel historique». Il a, par ailleurs, déploré le fait que le parti majoritaire et son chef ont voulu exploiter politiquement le débat sur ce projet de loi. «Le chef du gouvernement, en prétendant lors d’une réunion de son parti à Fès, que l’USFP n’est pas un parti démocratique, a passé sous silence toute l’histoire des luttes et des sacrifices de l’USFP et de ses militants pour la démocratie et les libertés dans notre pays», a-t-il martelé. Et de préciser: «La différence entre nous et eux, c’est que ce sont l’avenir et les intérêts de notre pays qui comptent pour nous et non pas les calculs politiques étriqués». Le dirigeant socialiste a, dans ce sens, expliqué que l’USFP a toujours été un parti responsable qui met les intérêts du pays avant les siens. «L’expérience de l’Alternance consensuelle en est la parfaite preuve. Tout le monde sait que feu Abderrahmane El Youssoufi avait accepté de diriger le gouvernement en 1998 à un moment où le pays était au bord de la crise cardiaque», a-t-il soutenu. Selon lui, «le parti qui dirige le gouvernement doit être responsable et ne doit pas gérer la chose publique avec opportunité». « On ne peut pas assumer la responsabilité et en même temps tenir un discours de l’opposition», a-t-il insisté. Et d’enchaîner: « Notre parti a toujours été responsable à l’époque du gouvernement de Si Abderrahmane et dans tous les gouvernements auxquels il a pris part. Nous avons toujours assumé la responsabilité et pris des décisions importantes parfois délicates, mais tout ce qui comptait pour nous, c’était l’intérêt du pays et non celui du parti». «Et c’est justement pour cette raison, poursuit-il, que le parti a refusé toute discussion concernant les alliances, qu’elles soient fondées sur des motifs idéologiques ou politiques». «Nous estimons que le Maroc a aujourd’hui besoin de l’unité de sa classe politique pour faire face aux douloureuses répercussions de la pandémie», a-t-il réitéré.
Le Premier secrétaire a, d’autre part, révélé que l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, s’était farouchement opposé à la participation de l’USFP au gouvernement en 2016, sans pour autant donner d’explications sur cet acharnement à l’égard du parti de la Rose. Il a, en outre, souligné que l’USFP ambitionne de remporter les prochaines élections de 2021, car, pour lui, la raison d’être d’un parti politique est d’arriver au gouvernement pour prendre part à la gestion des affaires publiques.
Lors de cet entretien avec Chouf TV, le leader ittihadi a également évoqué une question qui a créé une grande polémique dans notre pays qui n’est autre que la  retraite des ministres. Il a, en ce sens, exhorté le chef du gouvernement à dévoiler les noms des ex-ministres qui ont déposé des demandes pour bénéficier de cette manne et ceux qui ont refusé de le faire. Pour Driss Lachguar, le chef du gouvernement se doit de révéler la vérité à propos de ce sujet. «Surtout quand on sait que son parti, le PJD, avait instrumentalisé ce sujet de manière populiste contre Fathallah Oualalou lorsqu’il était ministre des Finances et de l’Economie. Le Premier secrétaire est allé plus loin en soulignant que le chef du gouvernement ne doit pas se limiter à répondre à ses remarques, mais «il doit, dans cette conjoncture de crise sanitaire, mettre fin à cette absurdité et émettre un signal clair aux catégories sociales défavorisées en prenant des mesures essentielles qui peuvent paraître révolutionnaires, mais qui en réalité sont  indispensables pour l’avenir du pays», a-t-il conclu.

 

Mourad Tabet et Mehdi Ouassat

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