Lors de l’émission « Décryptage », le ministre de la Justice de manière spontanée, a courageusement évoqué les imperfections des législations. 

 

La question du code pénal est très actuelle. La réforme de celui-ci a atteint un stade avancé, le gouvernement doit statuer sur les amendements acceptés par la commission des lois. Cela pose plusieurs problèmes. Le projet de loi est celui du gouvernement de Benkirane et était porté par Mustapha Ramid.

Le gouvernement actuel a le droit de prendre ses distances. Le ministre de la Justice Mohamed Ben Abdelkader ne cache pas ses divergences avec la philosophie même du projet. C’est ce qu’il a clairement exprimé lors de son passage à l’émission «Décryptages» de Radio MFM.

« Désirer sexuellement un enfant est une maladie »

Il considère que la Constitution de 2011 est beaucoup plus avancée que l’arsenal législatif. Et il rappelle l’article un qui parle de l’Islam tolérant, de la protection des libertés et de la diversité. Pour lui, les lois doivent s’inspirer de cet esprit et non pas des points de vue de tout un chacun.

Mariage des mineures : de la pédophilie

Partant de cette conception, il ne pouvait esquiver les questions des journalistes. Il y a répondu avec une sincérité confondante. Il a rappelé qu’en 2018, sur 32.000 demandes d’autorisations exceptionnelles de mariage de mineures, les tribunaux en ont autorisé 83%. « Ce n’est plus l’exception, c’est la règle », s’est-il insurgé et c’est la loi en vigueur qui le permet. Ben Abdelkader a rappelé que le droit international considère toute relation sexuelle entre un adulte et un enfant de moins de 16 ans est un viol. Il est allé plus loin en considérant qu’il s’agit de pédophilie. « Désirer sexuellement un enfant est une maladie ».

Il s’est aussi exprimé sur les libertés individuelles. « Les lois punissent l’ivresse quand elle est publique, la rupture du jeûne quand elle est publique, mais prévoit pour les rapports hors-mariage, les aveux ou le PV de la police, est-ce que celle-ci est sous les dessous des lits ? »

Le ministre a aussi reconnu la nécessité de la réorganisation pour une justice plus rapide, plus proche, les difficultés de l’exécution des jugements et la lourde question des peines alternatives. Il voudrait une justice non pas uniquement punitive, mais aussi protectrice des droits. Ce débat doit devenir national. Ben Abdelkader brise les tabous mais, isolé, il a peu de chances d’aboutir. Soutenons-le !

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