Un principe sacré qui ne doit toutefois pas être exploité pour servir les intérêts de quelques lobbies

J’ai fait part au chef du gouvernement de la préoccupation du parti à cause de la campagne injustifiée de dénigrement dont il faisait l’objet, sachant que ledit texte n’était pas celui de Benabdelkader mais de tout un gouvernement

L’USFP n’a rien à voir ni de près ni de loin avec l’avant-projet de loi n°22-22 sur l’utilisation des réseaux sociaux et qui a soulevé récemment un tollé sur la Toile. C’est ce qui ressort de l’entretien que le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a eu avec le quotidien Akhbar Al Yawm dans son édition d’hier mercredi.
« Nous n’avons pas consulté le texte du projet de  la loi en question. Cela va de soi, car il s’agit de quelque chose qui concerne l’Etat et le gouvernement et le ministre de la Justice n’est pas le ministre de l’USFP, mais il est le ministre de la nation tout entière. Dans certains pays, quand une personne accède à la responsabilité gouvernementale, elle gèle ses activités partisanes, car elle assume une responsabilité nationale. Et quand j’ai dit que nous n’avions vu la loi, cela ne signifie pas que nous la contestons », a précisé le dirigeant ittihadi.
Quant à la question de savoir si le report de l’examen de l’avant-projet de loi 22.20 sur l’utilisation des réseaux sociaux constitue une solution acceptable pour l’USFP, le Premier secrétaire a affirmé que « ce sujet ne concerne pas l’USFP, mais concerne le gouvernement ».
Pour lui, « le référentiel de l’USFP en matière des droits de l’Homme est on ne peut plus clair. Il est déterminant pour le ministre, le parlementaire, l’élu communal, le syndicaliste, etc », indiquant que la position du Parti de la Rose à ce sujet sera prise en fonction de ce référentiel.
Et de préciser : « Nous avons traité ce texte dans les institutions, car il ne peut être promulgué sans que le gouvernement ne le présente devant les institutions compétentes, cela veut dire que tous les ministres, toutes tendances politiques confondues, en sont responsables. Et quand le Parlement le votera, tous les partis représentés au Parlement qui l’ont approuvé en seront responsables », tout en assurant que « nous sommes revenus aujourd’hui à la case de départ avec le report de l’examen de ce texte.
Par ailleurs, le dirigeant ittihadi a indiqué que le texte, qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux « répond à des besoins sociaux réels. Il y a des plateformes anonymes sur les réseaux sociaux relayant des contenus pédophiles, sexuels, terroristes ou de haine. Et pour cela, il faut faire face à ces questions ».
Selon lui, le texte comprend 25 articles, mais le débat a porté seulement sur trois d’entre eux. « Personnellement, j’ai cherché dans le droit comparé, notamment français et allemand, à propos de ce sujet. Et quand le débat public sera ouvert, nous allons présenter comment ces démocraties avancées ont traité ces questions », a-t-il déclaré, tout en précisant que « le boycott fondé sur une idéologie religieuse ou sur la haine et le racisme est sanctionné dans les démocraties avancées. Si le texte de loi adopte cette formule, il n’y aura aucun problème, mais tout texte qui porterait atteinte à la liberté d’expression des citoyens est à rejeter. C’est là un principe sacré qui ne doit pas être exploité pour servir les intérêts de quelques lobbies».

Le dirigeant ittihadi estime par ailleurs que c’est aberrant de faire endosser au seul ministre de la Justice l’entière responsabilité de ce texte de loi, car il s’agit « d’une décision gouvernementale et non pas celle  de Mohammed Benabdelkader », tout en critiquant la campagne de dénigrement qui a visé l’USFP  affirmant que c’est pour cette raison qu’il a rencontré le chef du gouvernement, Saad Dine El Othmani le 1er mai.
« Lors de cette rencontre, j’ai fait part au chef du gouvernement  de la préoccupation du parti à cause de la campagne injustifiée de dénigrement dont il faisait l’objet, sachant que ledit texte n’était pas celui de Benabdelkader mais de tout un gouvernement», a souligné le Premier secrétaire, rejetant l’information selon laquelle il a demandé au chef du gouvernement de reporter l’examen de ce projet de loi. « C’est une affaire du gouvernement, a-t-il précisé. Je n’ai pas le droit de m’adresser au chef du gouvernement à propos de quelque chose qui relève de ses prérogatives constitutionnelles ».
Il convient de rappeler que le texte de loi controversé, qui pénalise les appels au boycott de produits et services sur les réseaux sociaux, a été approuvé lors d’un Conseil de gouvernement présidé par Saad Dine El Othmani le 19 mars dernier, sans qu’aucun membre du gouvernement ne s’y oppose.

 

Tabet Mourad

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