Driss Lachguar :L’USFP continuera de défendre les réformes constitutionnelles afin de remédier à tout dysfonctionnement affectant la vie politique, législative et institutionnelle.

Habib El Malki :Nous sommes à même d’ouvrir un horizon autre pour notre pays et notre peuple. Les Ittihadis sont bien évidemment capables d’instaurer l’espoir comme cela a toujours été le cas.

L’ USFP a donné le ton et lancé le débat sur les ré- formes politiques et constitutionnelles nécessaires en vue d’améliorer le fonctionnement des institutions politiques dans notre pays, notamment la «révision» ou la «réinterprétation» de l’article 47 de la Constitution et l’adoption d’un Code électoral qui garantirait la transparence des prochaines échéances électorales, et ce lors de la session ordinaire de son Conseil national tenue samedi dernier au siège central du parti en présence notamment du Premier secrétaire, Driss Lachguar, qui a dressé à cette occasion un important rapport politique, et du président du Conseil national, Habib El Malki. «Notre Premier secrétaire définira les nouvelles exigences de la lutte ittihadie lors de la prochaine étape », a assuré Habib El Malki, dans son allocution d’ouverture devant les membres du «Parlement» du parti de la Rose et de plusieurs nouvelles recrues qui ont intégré récemment l’USFP et assisté à l’ouverture de cette session. Habib El Malki a appelé les membres du Conseil national de l’USFP à se mobiliser pour relever les défis et à croire en leur capacité. «Nous sommes capables de changer les équations si nous le voulons et nous nous devons de le faire. Nous sommes à même d’ouvrir un horizon autre pour notre pays et notre peuple. Les Ittihadis sont bien évidemment capables d’instaurer l’espoir comme cela a été toujours le cas», a-t-il ajouté. Pour lui, les prochaines échéances nécessitent que tous les Ittihadis resserrent leurs rangs. A cet égard, il a salué l’initiative prise par la direction du parti concernant la réconciliation entre les Ittihadis et l’ouverture sur les compétences qui partagent les valeurs et les principes de l’USFP. «En réalité, l’annonce du Premier secré- taire de l’USFP de la réconciliation entre les Ittihadis était un véritable évènement durant la dernière période et elle l’est encore. C’est une décision qui montre que le Premier secrétaire tient à incarner la volonté ittihadie et l’aspiration de tous les militants au regroupement de la famille ittihadie, à resserrer nos rangs, à renforcer nos organisations et à instaurer un climat de confiance, d’espoir et de solidarité dans le but de préserver l’image forte qui a toujours été celle de l’USFP et des ittihadi(e)s». Et d’ajouter : «C’est une réconciliation sérieuse et non une bulle médiatique comme certains le prétendent», a-t-il martelé. Et de conclure : «Elle exprime une vraie volonté. Le but étant de dépasser nos différends et de nous concentrer sur nos futurs engagements et combats. Si les Ittihadis ont des ennemis, ils ne se trouvent certainement pas au sein du parti. Ils n’y ont d’ailleurs pas de place». Le rapport du Bureau politique présenté par Driss Lachguar a décliné les principales réformes constitutionnelles que l’USFP juge essentielles pour pallier les dysfonctionnements qui ont marqué la vie politique, législative et institutionnelle durant ces dernières années. La révision de certaines dispositions de la Constitution après 8 ans de son application est, selon le dirigeant ittihadi, une nécessité primordiale. «La mise en œuvre de la Constitution de 2011 pendant huit ans a mis en évidence la nécessité de traiter le texte constitutionnel conformément aux développements survenus après son adoption et qui devrait être adapté pour combler les éventuelles lacunes. A cet égard, nous restons fidèles à notre approche concernant les réformes constitutionnelles, en particulier celles liées à la vie politique. Nous avons considéré que l’amendement ou la révision du texte constitutionnel ne devrait pas être l’objet de surenchères gratuites», a expliqué Driss Lachguar. Le but de cette réforme constitutionnelle proposée par l’USFP est d’éviter une situation telle que celle qu’a connue le Maroc après les élections législatives de 2016. Le dirigeant nommé par S.M le Roi à l’issue de ces élections n’est pas parvenu à former un nouveau gouvernement après 155 jours de tractations et de négociations avec les partis politiques. Pour désamorcer cette crise, une autre personnalité a été désignée pour former le gouvernement. Pour le dirigeant socialiste, «cette expérience dénote d’une mauvaise interprétation de l’article 47 de la Constitution. Pour cela, nous avons pris l’initiative de lancer un débat sur la possibilité de réviser cet article, et ce dans le but de convaincre les autres forces politiques du pays de la nécessité de trouver les solutions appropriées pour que le fonctionnement des institutions constitutionnelles ne soit pas paralysé». Le Premier secrétaire propose, à ce propos, deux solutions : «Soit la révision de la Constitution», soit «une interprétation positive exprimée par l’ensemble des acteurs politiques, y compris ceux qui étaient en désaccord avec nous, étant entendu que la Constitution est un tout dont les dispositions devraient être comprises dans leur intégralité et non pas l’inverse». «L’USFP continuera à défendre les réformes constitutionnelles afin de remédier à tout dysfonctionnement affectant la vie politique, lé- gislative et institutionnelle», a poursuivi Driss Lachguar dans son plaidoyer. Selon lui, l’USFP continuera à défendre le principe de la primauté du droit, la constitutionnalisation du financement public des campagnes électorales conformément aux règles établies par la loi, la rationalisation des sessions parlementaires et à veiller à ce que le bilan d’étape (présenté par le gouvernement devant le Parlement) soit un moment de discussion et de délibération de manière « obligatoire » et non facultative, la garantie d’un équilibre au sein du pouvoir judiciaire en intégrant la défense dans les composantes de la justice. En outre, le dirigeant socialiste a appelé à donner plus de pouvoir au Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique dont les attributions constitutionnelles doivent aller bien au-delà de son rôle consultatif, étant donné que le problème de l’éducation est d’ordre sociétal. Il ne doit pas, de ce fait, être traité uniquement par un seul département ministériel. Driss Lachguar a mis l’accent sur la nécessité de réformer le cadre juridique régissant les élections en général. «Laquelle ré- forme, a-t-il expliqué, devrait toujours viser à améliorer les textes juridiques et à incorporer suffisamment de techniques permettant de garantir la transparence et l’inté- grité du vote pour que ces textes soient conformes aux normes internationales, et partant, pour barrer la route à toutes les pratiques portant atteinte à la volonté populaire ». Pour l’USFP, il est temps de trouver une solution juridique en vue de faire face à la nécessité de renforcer l’action des partis politiques afin qu’ils puissent s’acquitter des rôles qui leur sont assignés en vertu de la Constitution et de lutter contre l’utilisation de l’argent et la religion dans l’action politique. Dans son analyse, Driss Lachguar considère que le passage du mode de scrutin uninominal au mode de scrutin proportionnel a affecté négativement les partis politiques, même si l’USFP avait dé- fendu dans le passé ce dernier mode de scrutin, car il permettait aux électeurs de voter pour les partis politiques (c’est-à-dire pour les programmes) et non pas pour des personnes d’une part, et de lutter contre la falsification des résultats des élections, d’autre part. Mais l’application du mode de scrutin proportionnel depuis 2002 à nos jours « a montré de nombreux inconvénients qu’il fallait identifier pour trouver des solutions appropriées», a mis en exergue le Premier secrétaire avant de préciser que l’USFP «à travers diverses études et recherches menées par le parti, a constaté que l’amélioration de l’encadrement des citoyens par les partis politiques passe par la corrélation entre votes et sièges, ce qui aurait pour impact de refléter réellement les différentes tendances de l’électorat (…) «Nous considérons toujours que le mode de scrutin uninominal est le meilleur système pour garantir les liens entre les électeurs et les élus. Nous proposons donc d’y revenir progressivement en augmentant le nombre de collectivités adoptant ce mode de scrutin, en l’appliquant à des collectivités dont le nombre d’habitants ne dépasse pas 50 mille personnes au lieu de 35 mille appliqué actuellement ». En ce qui concerne les techniques électorales en tant que telles, l’USFP propose de revoir toutes les techniques liées au vote, à la représentation des MRE, à la liste nationale, au renforcement des peines dans les lois électorales, à la réglementation des dépenses électorales et à l’encadrement des sondages d’opinion avant ou pendant les processus électoraux ou référendaires. S’agissant de la loi relative aux partis politiques, Driss Lachguar a appelé au renforcement de la représentativité des partis politiques dans leurs relations avec leurs électeurs en introduisant certaines mesures et procédures. En ce sens, il a souligné la nécessité «de repenser les mécanismes de financement public des partis politiques afin de maintenir le multipartisme, devenu une réalité incompatible avec une polarisation artificielle fondée sur l’exploitation du discours religieux ou de l’argent ». Pour lui, il est primordial de lutter contre ces deux phénomènes pour garantir le principe de l’égalité entre les partis. A cet égard, il a proposé l’adoption de plusieurs critères pour le financement des partis politiques, tels que le nombre de sièges du parti à travers le pays, le nombre déclaré des instances ré- gionales, provinciales et locales, la représentation du parti dans les organisations professionnelles nationales, les activités des organisations de femmes et de jeunes, la régularité de la publication de la presse écrite du parti concerné et la disponibilité des sites web du parti. « Ce sont là de véritables critères partisans, car il est inconcevable, par exemple, que les plus gros bé- néficiaires du financement public n’aient même pas un journal quotidien ou une publication régulière », a-t-il martelé. Le dirigeant ittihadi a, par ailleurs, rappelé le rôle important que joue l’USFP au sein de la majorité gouvernementale et mis en valeur les efforts déployés par les ministres ittihadis dans les secteurs qu’ils gèrent respectivement (Mohammed Benabdelkader, Abdelkrim Benatiq et Rkia Derham). Il y a lieu de signaler à ce propos que le dossier de presse distribué aux journalistes au début de la réunion du « Parlement » de l’USFP contient des rapports sur le bilan du ministère de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique, sur le bilan du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, ainsi que d’autres rapports de la Commission nationale du contrôle financier, de l’administration et des biens du parti et de la Commission nationale d’arbitrage et de déontologie. Le dirigeant ittihadi a, par ailleurs, salué la réélection de Habib El Malki à la tête de la Chambre des représentants. Il a, par la suite, décliné la vision de l’USFP en ce qui concerne le modèle de développement. Selon lui, tout modèle ne peut être efficace sans un Etat fort et juste, garant de la stabilité et respectueux de la légalité et des intérêts suprêmes de la nation, insistant sur la nécessité de procéder à des ré- formes audacieuses et de faire face aux lobbies et appelant le gouvernement à faire preuve de l’audace nécessaire pour l’instauration d’une justice fiscale permettant de remédier aux déséquilibres d’un système fiscal dont plusieurs catégories de la société font les frais. 

Mourad Tabet

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