Habib El Malki : Faire du Nord du Maroc une vitrine exemplaire dotée de ports de taille mondiale et d’un pôle de l’industrie automobile

Le renouveau de l’édifice européen passe par un intérêt accru pour la rive Sud de la Méditerranée et l’Afrique

«La Méditerranée plurielle dans un environnement de mondialisation et de déséquilibre régional» a focalisé, samedi à Rabat, les réflexions de la rencontre annuelle du Groupement d’études et de recherches sur la Méditerranée (GERM).
Autrefois havre de paix et espace d’échanges relativement stable, la mare nostrum est devenue de nos jours un espace de xénophobie, d’exclusion, de mort et d’incertitude.
Jadis horizon d’espoir pour une jeunesse grandissante de la rive Sud et de son prolongement africain, la Méditerranée se transforme graduellement en frontière.
La déréliction d’un côté et le repliement sur soi de l’autre rendent les lendemains plus incertains que jamais. D’autant plus que la géopolitique «des Méditerranées » confirme le déplacement du centre de gravité vers le Pacifique.
Au moment où les défis majeurs se multiplient (révolution numérique, gains de productivité, synergie des compétences, stratégies de coopération…), cette mer semble rester, in fine, empêtrée dans son pré carré obnubilé par ses égoïsmes souverainiste et identitaire car l’essentiel de ce qui fera le monde du proche lendemain est instruit ailleurs.
Comment démêler la complexité de la situation pour, à la fois, voir plus clair dans ce qui se passe dans cette partie du globe et avancer des éléments d’aide à la décision ?
Tel est l’un des objectifs de la rencontre internationale tenue par le Groupement de recherches et d’études sur la Méditerranée (GERM) et qui s’est tenue samedi dernier à Rabat.
Les discussions ont été axées sur les challenges à relever dans un contexte international changeant, caractérisé entre autres par un essoufflement du multilatéralisme, une multipolarité embryonnaire, la lutte anti-terroriste, la question migratoire, la consolidation des acteurs non étatiques, la prédominance des réseaux sociaux et l’essoufflement du dialogue entre les deux rives.
Ce débat marque les 30 ans d’existence du GERM avec pour objectif de mieux cerner la donne politique, économique et socioculturelle dans le pourtour méditerranéen, en se positionnant comme un cadre de réflexion sur l’évolution de la région, a souligné d’emblée le président du groupement Habib El Malki.
Mettant l’accent sur les études et les évènements organisés autour de la place de la dimension méditerranéenne du Royaume, il a relevé les efforts fournis pour faire du Nord du Maroc une vitrine exemplaire dotée de ports de taille mondiale et d’un pôle de l’industrie automobile.
L’Europe en tant que partenaire stratégique du Royaume est confrontée aujourd’hui à une «crise de transition», a-t-il constaté, soulignant que le renouveau de l’édifice européen passe par un intérêt accru pour la rive Sud de la Méditerranée et l’Afrique.
Le sociologue et philosophe français, Edgard Morin, a affirmé quant à lui que cette rencontre s’est tenue à un moment particulier de l’histoire de la région méditerranéenne où les divisions semblent prendre le pas sur la concorde.
Les défis auxquels fait face la zone méditerranéenne, a-t-il fait observer, sont aussi complexes que multiples, y compris sur le plan environnemental et climatique.

Pareille réflexion a «pour sens de réagir face à ce processus de catastrophe qui concerne notre mer en tant que substance maritime menacée de mort avec la surpêche», a-t-il prévenu.
Cette rencontre annuelle organisée à l’occasion du trentième anniversaire du GERM s’inscrit dans une nouvelle vision de la Méditerranée face aux stratégies des puissances. Elle a été articulée autour de trois axes déclinés en douze problématiques, à savoir  « Le rôle nouveau de certaines puissances régionales comme la Turquie ou l’Iran » ; «La montée du populisme et la crise du modèle démocratique ; « La recrudescence du soft power « ; «La lutte contre le terrorisme » ; « La question migratoire et ses modes de traitement »; « La consolidation des acteurs non étatiques et la prédominance des réseaux sociaux et leurs conséquences sur l’action des pouvoirs publics » ; « L’essoufflement du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée »; « La marginalisation grandissante d’un grand Maghreb en quête d’idéal politique »; « Les possibilités d’intégration des communautés économiques régionales notamment africaines » ; « La Méditerranée dans le nouveau contexte mondial » ; « La Méditerranée plurielle et enjeux de rivalité et de puissance » et « Les perspectives méditerranéennes à la lumière de la nouvelle politique africaine du Maroc ».
Le premier axe, en l’occurrence celui de «La Méditerranée plurielle et enjeux de rivalité et de puissance » a été modéré par Fouad Ammor, professeur des universités. Fathalah Sijilmassi, ancien ambassadeur, ancien secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée a fait un exposé sur «La Méditerranée : concept dépassé ou centralité retrouvée ?»
Pour sa part, Abderrahman Tenkoul, doyen, ancien président de l’Université Ibn Tofail de Kénitra, est intervenu pour «repenser la Méditerranée à la lumière de son imaginaire»
Pour ce qui est du deuxième axe consacré à «La Méditerranée dans le nouveau contexte mondial », il a été modéré par Houdaifa Ameziane, professeur et ancien président de l’Université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan. Maria Angustias Parejo Fernandez, professeur des sciences politiques à l’Université de Grenade, a axé son intervention sur «Les processus de réforme constitutionnelle en Méditerranée: les avancées et les limites du changement au Maghreb».
Ma Xiaolin, professeur à l’Université des études internationales du Zhejiang, a planché sur la question de «La route de la soie et le développement des pays du pourtour méditerranéen» et Louis-Simon Boileau, directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès sur «La perception de la Méditerranée dans la politique étrangère de la France, de Sarkozy à Emmanuel Macron»
Le troisième axe portant sur «Les perspectives méditerranéennes à la lumière de la nouvelle politique africaine du Maroc » modéré par Driss Khrouz, professeur des universités, a été marqué, quant à lui, par les interventions de Mostafa Bousmina, président de l’Université Euromed de Fès ayant trait à «L’Afrique à la croisée des chemins» et de Mhammed Echkoundi, professeur à l’Institut des études africaines de Rabat sur «La politique africaine du Maroc, un atout majeur pour une Méditerranée stable et dynamique»

Libé

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