Tout un monde entre la position constante et avant-gardiste de l’USFP et celle brouillonne et « biliki » du PJD

Le dossier de la retraite des parlementaires qui a suscité tellement de polémiques a été débattu mardi lors d’une réunion de la commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants consacrée à l’examen des propositions de lois des groupes parlementaires à propos de ce sujet. Lors de ce débat, le président du Groupe socialiste, Choukran Amam, a détaillé la position ferme de l’USFP concernant la liquidation de ce régime. « Compte tenu de la situation de notre pays et de la crise étouffante qu’il connaît, nous appelons à la liquidation du régime de retraite des parlementaires, car la question est devenue un sujet de débat au sein de la société », a-t-il affirmé dans son allocution en l’occasion, considérant qu’il faut consacrer une attention particulière à la solution des problèmes de centaines de milliers de Marocains, notamment ceux qui ont perdu leurs sources de revenus, et des dizaines de milliers d’entreprises qui sont en cessation d’activités ou en crise depuis le début du mois de mars. Choukran Amam a aussi exprimé son rejet de toute exploitation politique de ce dossier et souligné que le consensus sur certaines questions sensibles est nécessaire et important, tout en affirmant que la liquidation du régime de retraite des parlementaires nécessite une étude juridique et financière objective pour que cette liquidation se fasse dans le respect de la loi. Le président du Groupe socialiste a, par ailleurs, mis en avant le fait que ce dossier ne concerne pas seulement les membres de la Chambre des représentants, mais aussi celle des conseillers et les ministres, évoquant, par la même occasion, la question du cumul des salaires et des indemnités. Dans ce sens, il a appelé à débattre de ces problématiques dans le cadre d’une approche claire, loin de tous calculs électoralistes étriqués. L’intervention de la parlementaire Hanane Rehhab a été, elle aussi, sur la même longueur d’onde, quand elle a appelé à la nécessité d’ouvrir le dossier de la retraite des ministres après la liquidation de celui des parlementaires, soulignant qu’il est temps de tourner la page des privilèges et de la rente. La députée socialiste a appelé également à trancher ce dossier dans un délai ne dépassant pas les 15 jours, affirmant qu’il faut de la clarté avec le citoyen marocain et qu’il faut prendre en considération la difficile situation sociale actuelle. « On peut d’abord clore le dossier de la retraite des parlementaires, avant de se pencher sur d’autres sujets comme celui de la retraite des ministres qui peut être discuté par la suite car ils ne cotisent nullement pour en bénéficier. Ce n’est donc ni démocratique, ni sain, ni éthique qu’ils continuent à en profiter », a-t-elle souligné. Hanane Rahhab a encore précisé qu’il ne faut pas faire de distinction entre les Marocains et qu’il faut généraliser la couverture sociale à tout le monde sans exception comme l’a affirmé le Souverain dans ses derniers discours. Elle a, par ailleurs, mis l’accent sur l’importance de la moralisation de la vie politique pour servir les intérêts de tous les Marocains et améliorer leurs conditions de vie. Il y a lieu de signaler que le président de la commission des finances et du développement économique, Abdellah Bouanou, a mis en avant lors de cette même réunion que le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, avait appelé à la liquidation du régime de retraite des parlementaires lors d’une réunion du bureau de la Chambre et demandé au président de la commission des finances de ne pas statuer sur les propositions de lois présentées par certains députés. Il convient de souligner que le Premier secrétaire de l’USFP a, maintes fois, appelé à mettre fin au cumul des indemnités des élus et que le parti de la Rose avait présenté une proposition de loi relative à l’interdiction des cumuls de salaires et des compensations pour les élus dans l’exercice de leurs fonctions représentatives. Mais ce qui a choqué grandement l’opinion publique, c’est l’intervention du président du Groupe parlementaire du PJD, Driss El Azami. Dans son allocution, ce dernier a laissé entendre qu’il s’opposait urbi et orbi à la proposition du Groupe socialiste visant à mettre fin au cumul des indemnités. Ce membre dirigeant du PJD n’a pas non plus hésité à défendre les privilèges de certains élus en affirmant qu’il n’y a pas de travail sans rémunération et sans contrepartie, ou encore « biliki », comme il dit. Ce qui contredit le prétendu discours moralisant que le PJD ne cesse de seriner. Driss El Azami a aussi violemment attaqué ce qu’il a appelé les influenceurs des réseaux sociaux en les accusant «d’actes de mauvaise foi, de tromperie et de populisme ». La vidéo de son intervention s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux suscitant la consternation des Marocains qui n’ont pas digéré que pareil discours puisse être tenu en ces temps où notre pays connaît une crise sociale et économique sans précédent.

 

Mourad Tabet

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