DRISS LACHGUAR ‘NOTRE PARTI A SU PRÉSERVER SON ÉQUILIBRE ET LA CRÉDIBILITÉ DE SES POSITIONS DANS UNE CONJONCTURE MARQUÉE PAR UNE GRANDE CONFUSION’

HABIB EL MALKI ‘FORT DE SA CULTURE POLITIQUE, L’USFP NE PEUT FAIRE DANS LE NIHILISME ET LE POPULISME’

Notre réunion aujourd’hui n’est pas qu’ordinaire. C’est celle du Conseil national, le premier après le Xème Congrès du parti et la réunion du Conseil national organisationnel que nous avons tenue au cours de laquelle nous avons décidé, tous, de franchir un pas vers la rénovation et l’édification d’un parti capable de communiquer avec les citoyens, de les écouter et d’adapter nos positions en fonction de leurs doléances, de leurs besoins et de leurs aspirations». C’est ainsi que Habib El Malki a ouvert la session du Conseil national de l’USFP tenue samedi dernier au siège central du parti à Rabat.
M. El Malki a mis l’accent dans son allocution introductive sur la nécessité de redoubler d’efforts et de renforcer la cohésion du parti de la Rose, tout en affirmant que l’ordre du jour comprend des points avec l’objectif de rationnaliser l’action du parti.
Pour sa part, le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a présenté le rapport politique dans lequel il a passé en revue les questions d’actualité aussi bien au niveau national que concernant le parti.
Il a rappelé les circonstances de la formation du gouvernement après les dernières élections législatives. Le chef du gouvernement désigné à l’époque avait proposé à l’USFP la participation dans la majorité gouvernementale. Et effectivement le parti de la Rose avait accepté la proposition conformément aux recommandations des organes décisionnels du parti qui avaient défini les conditions minimales et nécessaires aussi bien au niveau du programme que celui de la structuration du gouvernement. «Au moment où nous étions sincères dans notre démarche, a expliqué le Premier secrétaire de l’USFP, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une intention de certains d’instrumentaliser notre parti lors des négociations. Un parti comme le nôtre ne peut absolument pas accepter une telle situation et cette démarche que les développements ultérieurs ont confirmée». Et d’ajouter : «Nous étions devant une interprétation erronée des résultats des élections législatives. Car le chef du gouvernement désigné avait considéré qu’occuper la première place dans les élections signifie automatiquement avoir la majorité absolue lui permettant de former le gouvernement à sa guise. C’était une erreur fatale de sa part». Le parti de la Rose, selon Driss Lachguar, a refusé cette logique de domination et grâce à son rôle, la tentative d’imposer cette logique est tombée à vau-l’eau. L’on sait que Benkirane a été démis par S.M le Roi et remplacé par Saad Eddine El Othmani qui a pu former une majorité gouvernementale.
Même si le parti fait partie de celle-ci, cela ne signifie pas, d’après le dirigeant ittihadi, que l’USFP perd de son indépendance ou change ses positions quand il était dans l’opposition. «Le passage de l’opposition à la majorité, a-t-il expliqué, ne signifie absolument pas que nous signons un chèque en blanc ou que nous revenons sur ce que nous avons critiqué auparavant. Nous avons tenu, au contraire, depuis le début des négociations pour la formation du gouvernement, à lier la prise de toute décision au programme commun  et veiller à le respecter. Notre position actuelle ne nous empêche pas d’exprimer, le cas échéant, des positions différentes de celles de la majorité». Et de préciser : «Notre parti a pu sauvegarder sa cohésion et la crédibilité de ses positions dans une conjoncture politique marquée par une certaine opacité surtout que plusieurs partis politiques ont connu des secousses politiques et organisationnelles, en plus de l’attentisme qui a marqué la scène politique à cause du dossier d’Al Hoceima».

Driss Lachguar a souligné :  «L’USFP continue «à défendre nos positions constantes en ce qui concerne les dossiers économiques, sociaux, politiques et culturels, tout en respectant le programme commun que nous avons adopté dans le cadre de la coalition gouvernementale».
Il a aussi souligné que l’USFP a participé «à la majorité gouvernementale selon des engagements clairs dont l’élection de Habib El Malki à la tête de la Chambre des représentants. Et après la formation du gouvernement, des développements qualitatifs ont eu lieu dont le plus important concerne l’enquête sur les évènements d’Al Hoceima. La position de notre parti a été équilibrée dans ce dossier. D’une part, nous avons défendu les revendications légitimes des habitants de la région, et d’autre part, nous avons fait preuve de prudence pour ne pas se laisser aller vers une spontanéité incontrôlée, car nous sommes un parti responsable. Les développements ultérieurs ont montré comment des lobbys et des parties douteuses ont manipulé ce dossier dans le cadre des surenchères et des calculs qui n’ont rien à voir avec les intérêts des habitants et l’avenir de la région et ses problèmes».
Concernant le processus de modernisation et d’édification d’un Etat de droit et d’égalité entre les femmes et les hommes, le Premier secrétaire a salué la dernière décision autorisant la femme à exercer la profession d’adoul. «Pour cela, en tant que parti socialiste, démocratique et moderniste, nous saluons cette décision et nous appelons à poursuivre ce processus, tout en étant conscients que l’Etat a un rôle décisif dans l’édification du projet sociétal que nous défendons, car la réussite de ce processus nécessite le déploiement de tous les efforts pour vaincre les forces rétrogrades qui exercent encore leur influence au sein de la société», a mis en exergue Driss Lachguar.
Concernant le seuil de pauvreté, une question plus d’actualité que jamais, Driss Lachguar a soutenu qu’il faut revoir les critères pour une redéfinition en adéquation avec la réalité marocaine.
«Notre pays, a-t-il affirmé, a besoin de revoir les critères retenus pour définir le seuil de pauvreté, car de cette définition dépend plusieurs résultats aussi bien pour élaborer une cartographie réelle des classes sociales au Maroc que pour la mise en place de politiques publiques ou encore pour la prise de décisions concernant la subvention sociale ou la caisse de compensation». Et de préciser : «Qui est pauvre au Maroc d’aujourd’hui? L’on sait les difficultés auxquelles font face les classes moyennes et sa paupérisation ces dernières années. Quel est le seuil réel de pauvreté tout en sachant que les prix ont augmenté, les salaires ont été gelés et le taux de chômage a augmenté ? C’est un fait indéniable que de larges couches sociales y compris celle inférieure de la classe moyenne peuvent être incluses dans la cartographie de la pauvreté. Ce qui complique davantage le projet d’aide directe qui ne pourrait en aucun cas constituer une alternative à une politique sociale fondée sur une stratégie claire pour réduire les disparités sociales, non à travers des mesures de rafistolage qui ne pourraient résoudre des problématiques structurelles comme celles de l’éducation, de l’emploi et de la santé».
Par ailleurs, Driss Lachguar a célébré la victoire étincelante et qui ne souffre d’aucune contestation de l’USFP dans deux circonscriptions, à savoir la victoire de Mohamed Aberkane à Nador et de Said Baaziz à Guercif. «Les dernières victoires de l’USFP lors des élections partielles à Guercif et Nador et même dans les circonscriptions que nous avons remportées, prouvent la capacité du parti à reprendre la main et à retourner avec force au sein de la société, à travers une stratégie claire axée sur l’ouverture sur les nouvelles compétences qui existent à foison dans la société et sur l’abandon de la politique de cloisonnement organisationnel», a souligné Driss Lachguar.
Quant aux questions concernant la vie interne du parti, le Premier secrétaire a appelé à l’organisation de forums pour débattre des questions économiques et sociales en vue de comprendre les évolutions survenues dans la société marocaine et les problématiques sociales telles l’éducation, la santé et l’emploi et d’élaborer des propositions à propos du modèle de développement. Le dirigeant ittihadi a appelé à une étude approfondie de la question de la réforme des lois électorales.
«Au niveau régional et provincial, nous sommes appelés à faire de l’année 2018 une année de révision de la restructuration territoriale en procédant à l’organisation de congrès provinciaux et régionaux, en plus de l’importance à accorder aux organisations sectorielles, de la femme et de la jeunesse, et ce pour la formation de nouvelles élites», a-t-il précisé.
En ce sens, Driss Lachguar a appelé à l’organisation de forums régionaux et provinciaux pour débattre des questions politiques, économiques et sociales dans la province ou la région, la mise à jour des programmes d’action, l’élaboration de programmes détaillés pour les prochaines échéances électorales et à la forte intégration dans la société à travers les associations de la société civile.


Libé

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