Driss Lachguar : Notre parti qui a tant lutté pour une école publique nationale ne peut  renoncer à un principe pour lequel le peuple marocain a consenti d’inestimables sacrifices
Habib El Malki : De nombreux indices placent aujourd’hui le parti de la Rose au cœur du système politique de notre pays 

“Si nous sommes dans l’opposition, nous sommes la gauche, et si nous participons au gouvernement, nous restons la gauche». C’est ainsi que le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a vilipendé tous ceux qui prétendent que l’USFP est mort et tracent une ligne de démarcation entre une gauche radicale et une gauche gouvernementale.
«Nous sommes la gauche qui participe et s’oppose, la gauche qui a commis des erreurs et les rectifie, la gauche qui recule et avance, nous sommes la gauche nationale progressiste, nous sommes la gauche moderniste et démocratique, nous sommes la gauche rationnelle et réaliste, nous sommes la gauche qui croit que la lutte démocratique doit être menée par étapes, la gauche qui s’ouvre et négocie, noue des alliances et coopère avec les forces du progrès pour le développement de ce pays», a-t-il martelé dans son rapport présenté au nom du Bureau politique du parti lors du Conseil national tenu, samedi dernier, au siège central à Rabat, en présence notamment des délégations des partis et des mouvements socialistes et démocrates dans le monde arabe qui ont pris part récemment à la première session  du Conseil de l’Union arabe de la jeunesse socialiste.
« Nous avons engagé des débats et jeté des ponts pour une réflexion commune visant à créer un grand parti socialiste. Nous avons également abrité des rencontres pour faciliter le rapprochement des forces de gauche et unifier leur lutte. Mais nous leur disons aujourd’hui que nous ne perdons plus de temps avec ceux qui s’imaginent que nous avons besoin d’eux pour compenser notre appartenance en tant que parti de gauche qui, prétendent-ils, «se fait dévorer par le gouvernement». Pour cette raison, et disons-le de la manière la plus claire et la plus simple qui soit, c’est nous la gauche, parce que nous sommes le parti de gauche qui renaît et revient en force, qui parie sur la gauche ancrée dans le tissu social et non pas la gauche des factions, confinée dans son orgueil et son nihilisme».
Le Premier secrétaire de l’USFP a également affirmé au début de son rapport politique que la réunion du Conseil national du parti se tient dans une conjoncture politique et sociale spéciale marquée notamment par les attentes des Marocains non seulement concernant la loi des Finances, mais également les dossiers qui hantent les esprits, à savoir l’éducation, la santé, l’emploi, le logement, le transport, bref tous les secteurs sociaux.
Driss Lachguar a tenu à rappeler les discours Royaux ayant mis l’accent sur la situation sociale difficile et sur les problèmes qui s’accumulent dans les domaines de l’investissement et de l’administration. Il a également rappelé les différents rapports de la Cour des comptes, du CESE, de la Banque du Maroc, ainsi que d’autres organisations internationales qui ont fait état de l’ampleur des problèmes structurels tant dans les secteurs économiques et sociaux que des systèmes de gouvernance.
Le dirigeant ittihadi a aussi soutenu que les proposions formulées dans le programme électoral de l’USFP et celles qui l’ont été lors du Xème Congrès établissent un lien entre le développement économique et social, notamment en termes de création de postes d’emploi pour les jeunes.
« Nous avons déjà proposé clairement dans notre programme électoral (2016) la nécessité d’élaborer un projet alternatif de développement ». Et d’ajouter : « Nous avons considéré que notre modèle doit nécessairement s’inspirer de notre référentiel social-démocrate, répondre aux données économiques et sociales actuelles et participer à l’encouragement de la concurrence économique, au renforcement du pouvoir d’achat des citoyens et au renforcement de la dimension régionale ». En ce sens, le dirigeant ittihadi a rappelé que le parti de la Rose a organisé une journée d’étude sur le nouveau modèle de développement qui répondrait aux attentes légitimes du peuple marocain aspirant à un changement radical de sa situation économique, sociale et culturelle.
« Nous avons conclu, au cours de cette journée d’étude, que nous avons besoin d’un nouveau modèle de développement, c’est-à-dire d’un nouveau projet de société que notre parti avait défendu depuis des décennies et que des générations des Ittihadis avaient payé chèrement de leur vie ».
L’éducation et la formation constituent pour l’USFP la priorité des priorités. Selon Driss Lachguar, le parti leur accorde une grande importance depuis sa création. « Tout progrès civilisationnel ne peut se faire sans la lutte contre le grand retard dans ce domaine », a-t-il précisé. Et d’ajouter : « L’histoire des peuples nous enseigne que la question d’éducation était le facteur essentiel pour leur progrès ou leur sous-développement. Mieux encore, elle était un facteur décisif dans les transitions démocratiques de ces pays ».
Il y a lieu de signaler que l’USFP a déjà formulé des propositions concrètes dans le mémorandum qu’il avait adressé au Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Le parti de la Rose avait précisé dans ce document, selon Driss Lachguar, que « la question de l’éducation et de la formation hypothèque le présent et l’avenir de  générations entières » et qu’il avait appelé « à mettre fin aux consensus factices ».
« Notre parti qui a tant lutté pour une école publique nationale ne peut renoncer à un principe pour lequel le peuple marocain a consenti d’inestimables sacrifices», a affirmé le Premier secrétaire. Et d’annoncer que l’USFP défendra « la gratuité de l’enseignement qui est un droit du peuple marocain, un engagement et un contrat liant l’Etat à la société », tout en insistant sur « la nécessité de garantir l’égalité sociale et linguistique pour toutes les couches sociales. Car il est inconcevable de garantir à une minorité nantie l’accès à la science, à la connaissance plus développée et aux langues étrangères et de cantonner la majorité du peuple marocain dans un enseignement traditionnel non ouvert aux langues étrangères les plus usitées de par le monde ». Et le dirigeant socialiste de marteler : « La lutte contre les disparités sociales passe par l’égalité des chances dans l’enseignement ».
En plus de l’enseignement et l’éducation, le projet sociétal de l’USFP accorde une importance capitale aux secteurs sociaux tels la santé, l’emploi. « Tout gouvernement doit placer ces secteurs à la tête des priorités. Car l’Etat doit honorer ses engagements envers les citoyens ; cela constitue la quintessence du contrat social qui lie les deux parties », a souligné le dirigeant ittihadi.
Dans ce sens, il a assuré que l’USFP appelle le gouvernement à réformer les systèmes de la protection sociale et les développer en faveur des personnes les plus démunies (les enfants, les jeunes, les personnes âgées et marginalisées).
Comment peut-on relever tous ces défis, alors que les portes du dialogue sont hermétiquement closes, notamment avec les centrales syndicales ? Le dirigeant ittihadi a appelé à la ré-institutionnalisation du dialogue social, car, a-t-il dit, « nous sommes convaincus que la solution des problèmes de l’enseignement et de la santé ne peut se faire sous tension et dans le conflit ».
Driss Lachguar a aussi assuré que l’USFP demandera au chef du gouvernement de tenir la réunion de la majorité gouvernementale pour mettre fin aux désaccords entre des partis de ladite majorité.
S’agissant de la répartition des richesses, le Premier secrétaire a affirmé que cette répartition ne peut se faire dans le cadre du système financier et fiscal en vigueur. Lequel système « ne sert, d’après lui, que les couches sociales nanties, mais reste fermé pour les autres catégories sociales y compris les classes moyennes qui éprouvent des difficultés dans leur vie quotidienne ».
Un autre sujet sur lequel le Premier secrétaire de l’USFP a mis l’accent est celui de la vraie représentation politique dans toutes les instances élues aux niveaux national, régional et local. « L’expérience a montré que le Maroc a besoin d’une révision du système électoral pour faire face aux dysfonctionnements que nous avons déjà demandé de pallier lors des dernières échéances électorales. Nous considérons qu’il est temps de procéder à l’évaluation, à la révision et à la réforme », a-t-il mis en avant.
Dans le même ordre d’idées, le dirigeant ittihadi a souligné que le succès du chantier de la régionalisation et de la déconcentration administrative est tributaire d’un système de bonne gouvernance et d’une élite administrative et élue qui soit capable d’assumer ses responsabilités.
Par la suite, Driss Lachguar a proposé un plan d’action qui vise à réaliser trois objectifs essentiels, à savoir la renaissance organisationnelle, le retour en force à la société et le renforcement de la présence du parti dans les institutions.
Il convient de rappeler qu’au début de la réunion du Conseil national de l’USFP, Habib El Malki a assuré que de nombreux indices placent aujourd’hui «le parti de la Rose au cœur du système politique de notre pays» et que «l’intérêt grandissant porté à notre parti, est une preuve de la position que l’USFP occupe aujourd’hui sur l’échiquier partisan. Cela constitue une occasion pour que notre parti récupère sa force». Et d’ajouter : «Cela passe par la présence sur le terrain, à la campagne, au quartier, à l’université et aux entreprises, ainsi que par l’élaboration de nouvelles méthodes d’action au niveau de la mobilisation, de la communication et de l’ouverture».
Habib El Malki a demandé aux membres de Conseil national de saisir l’occasion de la tenue de cette réunion pour avancer des propositions et présenter des initiatives aux niveaux politique, social et organisationnel.
Le président du Conseil national a souligné que le rapport du Premier secrétaire de l’USFP présente une vision globale des questions nationales et celles concernant le parti de la Rose.
Après un débat sérieux entre les membres du Conseil national, le rapport du Bureau politique a été approuvé à l’unanimité.
Par la suite, les membres du Conseil national ont approuvé le communiqué final lu par Youness Moujahid, membre du Bureau politique.
Au terme de cette réunion, il a été procédé à la restructuration du Conseil national en constituant des commissions fonctionnelles permanentes. Il s’agit, en l’occurrence, de la Commission de l’organisation et de la gouvernance, de la Commission des affaires politiques, institutionnelles et des droits de l’Homme, de la Commission des questions économiques, sociales et environnementales, de la Commission de la communication, des médias et de la culture, de la Commission des relations internationales, des Marocains résidant à l’étranger et des questions de la migration, ainsi que la Commission des questions des femmes, de la jeunesse, de la parité, de l’égalité des chances et des organisations de masse.
Mourad Tabet

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