Cette pandémie est une occasion de nous mettre tous devant nos responsabilités pour soutenir le secteur de la santé et tourner la page des dysfonctionnements dans la carte médicale, du manque de ressources humaines, des faibles capacités financières et de l’absence de la couverture sociale globale

Plateforme d’orientation pour l’encadrement du dialogue « Ittihadi » concernant la conjoncture actuelle

L’engagement de l’USFP dans la défense des droits sociaux des citoyens ne date pas de cette crise, mais il est enraciné dans notre culture et notre référentiel social-démocrate. Nous l’avons démontré quand nous étions aux commandes de la gestion de la chose publique, nous avons toujours veillé à l’inclure dans nos programmes électoraux, et nous le considérant comme un pilier important dans notre conception du nouveau modèle de développement du Maroc. Pour cela, nous ne traitons pas ici tous les secteurs sociaux, mais nous allons nous focaliser sur les secteurs dont la pandémie a dévoilé l’importance et les lacunes dont ils souffrent.

A titre d’exemple, si le registre social national était prêt, il aurait été beaucoup plus facile et efficace d’orienter les aides vers les personnes qui en ont le plus besoin et dans la mesure nécessaire. Si le nombre des médecins et des infirmiers était le double de ce qui existe actuellement et qu’il était réparti équitablement sur tout le territoire national, cela n’aurait-il pas réduit l’impact de la pandémie sur les hôpitaux et ne nous aurait-il pas rendus plus confiants dans nos capacités sanitaires pour y faire face ?

  • Le système sanitaire

Nous réalisons aujourd’hui dans ces circonstances difficiles l’utilité de permettre à tous les Marocains d’accéder à un bon système de santé. Les déséquilibres du système de santé doivent être corrigés par l’adoption d’un système complet d’assistance médicale basé sur l’équité et la justice territoriale et l’adoption d’une vision globale dans la gestion du secteur de la santé qui ne doit pas être basé sur le modèle médical purement pathologique et thérapeutique.

Pour rappel, notre pays ne fait pas partie des pays qui ont des systèmes de santé solides et qui n’ont qu’à renforcer leurs capacités ou à augmenter leur capacité d’accueil pour faire face à une crise « passagère ». Ces pays peuvent considérer l’investissement supplémentaire dans le secteur de la santé comme une priorité conjoncturelle. Le Maroc, en revanche, souffre de faiblesses structurelles de son système de santé. Cette pandémie est une occasion de nous mettre tous devant nos responsabilités pour soutenir le secteur de la santé et tourner la page de l’ignorance des dysfonctionnements dans la carte médicale, le manque de ressources humaines, les faibles capacités financières et l’absence de la couverture sociale globale.

Dans ce contexte, nous devons saisir cette opportunité pour élargir, d’une part, l’adhésion au système de sécurité sociale et de faire bénéficier, d’autre part, les autres catégories sociales du système RAMED[1]. Ce dernier a besoin d’une simplification de ses procédures d’adhésion et d’une mise à jour de ses données en vue d’une amélioration de sa gestion toujours dans l’intérêt des citoyens et afin de préserver leur dignité. Nous avons besoin également d’informer les bénéficiaires sur leurs droits ainsi que le personnel des hôpitaux sur leurs devoirs envers cette catégorie sociale.

  • Les filets de sécurité sociale

Cette pandémie a enfin résolu le problème de l’aide sociale directe que nous réclamions depuis des décennies. Aujourd’hui, en dépit de l’absence du registre national unifié et de l’agence nationale des registres, les ministères des Finances et de l’Intérieur ont fait preuve d’une grande capacité de réaction face à cette pandémie et ont pu distribuer des aides financières directes (en moyenne 1.000 dirhams) à plus de quatre millions de ménages. Ceci nous rassure sur la capacité à mettre en place des filets de sécurité sociale ciblant les catégories sociales défavorisées ou vivant dans une situation de précarité. Même en terme de financement, les chiffres montrent que les montants requis sont raisonnables et restent dans les limites du budget de l’Etat si la problématique de la Caisse de compensation est réglée, et si on fusionne les Caisses qui fournissent des aides rentrant dans le même cadre, et ce après la clarification du statut des bénéficiaires et la mise à jour des données les concernant.

  • Le système éducatif

La pandémie et le confinement sanitaire ont mis en évidence la capacité d’adaptation du système éducatif. Cela est dû aux efforts consentis par le ministère, les AREF, les universités et les professeurs.

En effet, des défis liés à leurs fonctions habituelles, le confinement sanitaire a placé le système éducatif face à de nouveaux défis tels que l’enseignement à distance ou la recherche scientifique dans les domaines liés à la pandémie et ses répercussions. Ce qui a mis en évidence le rôle primordial du système d’éducation publique, d’une part, et les limites des choix néolibéraux mis en place lors de ces dernières années, d’autre part. Indépendamment, de la voix dissonante de certains directeurs d’écoles privés et des problèmes d’égalité des chances pour l’accès à Internet et aux ordinateurs, l’école publique marocaine était au rendez-vous, que ce soit en termes de prise de décision au bon moment ou en termes de mobilisation de toutes les capacités techniques pour réussir l’expérience de l’enseignement à distance ou en termes de programmation des examens et de préparation de la prochaine rentrée scolaire.

Cela démontre qu’une réforme est possible et que nous n’avons besoin que d’une volonté politique forte, d’une cohésion nationale et d’être conscient de notre responsabilité envers la génération montante. Cette conjoncture difficile a également démontré que l’enseignement supérieur public n’est pas seulement le sommet de la pyramide du système éducatif, mais qu’il doit plutôt être considéré comme le pilier qui contribue au progrès du pays, à la démocratisation de ses institutions et à l’édification d’une société moderne dans laquelle règne la justice sociale. L’enseignement supérieur public participe à la production de nouvelles connaissances nécessaires pour la formation des compétences nécessaires dont le pays a besoin, tels que les médecins, les infirmiers, les ingénieurs, les techniciens, les professeurs, les penseurs, les fonctionnaires, les entrepreneurs, les artistes et autres.

A ce titre, il est nécessaire de rappeler notre conception du système éducatif au sein de l’USFP en tant qu’outil principal de construction du citoyen. Nous considérons que la gratuité de l’enseignement est un droit du peuple marocain et un engagement de l’Etat envers la société. Nous insistons aussi sur la nécessité de garantir la justice numérique et linguistique pour toutes les catégories du peuple marocain.

S’agissant de la question des langues, nous plaidons pour le renforcement du statut culturel et moral des langues arabe et berbère, tout en s’ouvrant sur d’autres langues qui sont la clé de la science dans le monde d’aujourd’hui.

L’abolition des différentiations sociales passe par l’égalité des chances dans l’éducation pour permettre à tous d’obtenir les mêmes outils de connaissance de la même manière et par les mêmes moyens, en adoptant des programmes permettant d’acquérir les outils de la pensée rationnelle et critique et mettre entre les mains de la nouvelle génération les moyens et les clefs de son adhésion à la révolution scientifique actuelle et future.

[1] RAMED : Régime d’Assistance Médicale au profit des démunis qui ne sont pas pris en compte dans le régime AMO (assistance médicale obligatoire) qui concerne les personnes exerçant une activité lucrative, les titulaires de pension, les anciens résistants et membres de l’armée de libération et les étudiants.

Driss Lachguar – Premier secrétaire de l’USFP

Plateforme d’orientation – Driss Lachguar USFP – COVID19 VFr

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