Dans son intervention durant le premier forum lancé par l’USFP mercredi dernier à l’auditorium de la Bibliothèque nationale de Rabat sur « Le développement économique au Maroc : Regards croisés » qui a été modéré par Mehdi Mezouari, membre du Bureau politique de l’USFP, Abdelali Doumou, professeur d’économie, a essayé de définir, d’un point de vue scientifique, la notion même de « modèle de développement », indiquant que pareil concept induit que l’organisation de l’économie repose sur un système doctrinal cohérent, sachant qu’il y a plusieurs doctrines économiques qui sont diamétralement opposées (le capitalisme, le socialisme,…). Partant de ces doctrines, a précisé Abdelali Doumou, le Maroc ne dispose pas d’un système économique harmonieux, mais d’un système composite (Doumou se réfère ici au concept utilisé par le sociologue marocain Paul Pascon pour qualifier la société marocaine). Dans ce système coexistent le capitalisme libéral, quelques aspects précapitalistes et des éléments de l’économie de rente. Il n’y a donc pas une seule logique mais de nombreuses logiques qui sont en conflit. Il a, par ailleurs, noté que notre économie demeure basée sur l’agriculture, l’immobilier et les services. Sa caractéristique principale est qu’elle est fondée sur la rente et non sur les règles de jeu du marché. Lesquelles sont basées sur la concurrence et l’égalité des chances entre les entrepreneurs. « La nature même des politiques publiques de notre pays favorise l’économie de rente », a-til martelé. L’intervenant a, par ailleurs, rejeté les approches techniques, voire technocratiques censées apporter des solutions aux dysfonctionnements de l’économie marocaine. Selon lui, ces dysfonctionnements nécessitent plutôt des réponses « institutionnelles » et « politiques ». Pour lui, créer de la richesse et réaliser un développement durable et pérenne passe nécessairement par la rupture avec le modèle économique fondé sur la rente et le passage à une économie de marché basée sur la concurrence et l’égalité des chances entre tous les acteurs. Par la suite, Abdelali Doumou a mis l’accent sur une autre problématique importante, à savoir celle de la relation entre l’Etat central et ce qu’il appelle « l’Etat des territoires ». Selon lui, si l’Etat central dispose de moyens financiers importants et de pouvoirs étendus (92 % des ressources financières), l’Etat des territoires n’a pas les ressources financières (8 % seulement) et les pouvoirs nécessaires à la mise en œuvre des programmes élaborés au niveau des régions et des provinces. C’est cette dualité qui explique que les résultats des énormes investissements publics ne sont pas ressentis par les habitants. Pour cette raison, « nous avons besoin d’un Etat des territoires fort et efficient », a-t-il conclu.
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