L’université joue un rôle fondamental en matière d’élaboration d’analyses sur la politique migratoire et se veut, de par son statut et ses missions, une réelle force de proposition dans ce domaine, a indiqué, lundi à Béni Mellal, le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq.
«L’université a un rôle clé en matière d’élaboration d’analyses sur le sujet de la migration à travers les recherches scientifiques consacrées à cette question de grande importance», a-t-il affirmé lors d’une rencontre organisée par la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal sur le thème «Les politiques publiques dans le domaine migratoire au Maroc».
Notant que la zone Béni Mellal-Khénifra est parmi les régions du Maroc qui connaissent une forte migration vers plusieurs pays étrangers, en particulier européens, Abdelkrim Benatiq a souligné que les institutions et les services en charge de la question de la migration œuvrent de façon constante et en complète coordination avec les chercheurs et les experts qui constituent l’un des principaux piliers en matière d’élaboration et d’enrichissement des politiques migratoires.
Le ministre délégué a fait observer à ce propos que le Maroc s’apprête à accueillir deux évènements clés, le Forum mondial de la migration et du développement et la Convention mondiale de la migration, organisée sous les auspices des Nations unies, mettant en avant le rôle primordial de l’université à travers ses propositions, sa contribution et son encadrement de plusieurs ateliers lors de ces deux manifestations d’envergure.
Pour sa part, le président de l’Université Sultan Moulay Slimane, Bouchaib Mernari, a assuré que l’intérêt porté par l’université à la thématique de la migration paraît clairement à travers les différents programmes mis en place pour accompagner les projets structurants du développement durable et interagir avec le milieu socio-économique eu égard aux spécificités de la région de Béni Mellal-Khénifra concernant la question de la migration.
A rappeler que le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration avait souligné, mardi lors de la 35ème session du Forum des présidents des Parlements d’Amérique centrale et des Caraïbes (FOPREL) tenue à Rabat que grâce à la vision sage de S.M le Roi Mohammed VI, le Maroc a choisi de passer en douceur d’un pays de transit pour les migrants vers l’Europe à un pays d’accueil, en adoptant une politique migratoire basée sur une approche humaine.
Cette approche vise à garantir aux étrangers résidant au Maroc l’accès au logement social, à la santé, à l’éducation et à la formation professionnelle, a-t-il indiqué en précisant que le traitement positif des questions de migration au Maroc est le fruit d’une approche participative entre le gouvernement, les institutions législatives et la société civile, a-t-il dit, notant à cet égard que l’approche humaine adoptée par le Maroc dans le traitement des immigrants jouit du consensus de toutes les forces vives du Royaume.
Pour le ministre délégué, le Maroc est passé d’un pays de transit à un pays d’accueil à cause de plusieurs facteurs, notamment les crises économiques en Europe et le durcissement des mesures de sécurité dans les frontières européennes, ainsi que les grands changements économiques observés au Maroc au cours des dernières années.
Face à ce capital humain provenant pour la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le Royaume était obligé d’adopter une politique migratoire proactive et intégrée, basée sur la compréhension et le traitement humanitaire du phénomène, a-t-il affirmé.
Abdelkrim Benatiq a, dans ce sens, souligné l’importance de la création d’un département gouvernemental chargé d’immigration, d’asile et du règlement de la situation de plus de 23.000 immigrants, en plus des efforts déployés au niveau législatif à travers l’adoption des lois permettant aux immigrants de bénéficier de logements sociaux et d’autres acquis sociaux.
Il a ainsi relevé que 6.424 enfants issus de familles d’immigrants ont été intégrés à l’école, ajoutant que des conventions ont été conclues avec le Croissant-Rouge et l’Entraide nationale pour la prise en considération de la situation des groupes vulnérables parmi les immigrants dont les femmes et les enfants.
Au niveau international, le ministre délégué a indiqué que le Maroc œuvre dans les forums internationaux pour parvenir à un règlement positif de la question migratoire, à l’instar du Forum mondial sur la migration, co-présidé par le Maroc et l’Allemagne, faisant savoir que le Royaume s’attelle à abriter la Charte mondiale de migration sous l’égide des Nations unies.
Le Qatar et l’Italie ont retiré leur demande d’accueillir la charte et appelé les pays d’Amérique latine à soutenir le Maroc dans sa quête pour l’abriter, a-t-il rappelé.
Intervenant dans le même cadre, le directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, Khalid Zarouali, a annoncé que les services de sécurité marocains ont procédé en 2017 au démantèlement de 80 cellules de trafic d’êtres humains et l’avortement de 50.000 tentatives d’immigration clandestine.
Cette approche sécuritaire vise à resserrer l’étau sur les réseaux criminels qui s’activent dans le trafic d’êtres humains, a-t-il souligné en notant que plus de 3.000 réseaux actifs dans ce domaine ont été démantelés depuis 2004.
La région du Sahel et du Sahara est devenue un terrain de chasse favori des réseaux criminels dont les activités se croisent avec celles des réseaux terroristes dans la région, a mis en garde le responsable marocain.
Outre leur participation à la contrebande de cigarettes et de cocaïne et à la prise d’otages, les organisations terroristes sont devenues également actives dans le trafic d’êtres humains, qui constitue une source importante de financement avec 175 millions de dollars générés chaque année, a-t-il précisé.
Il a, à cette occasion, souligné l’importance de la coopération internationale pour faire face aux défis sécuritaires liés au trafic d’êtres humains, ajoutant que le Royaume coopère avec ses partenaires régionaux pour adopter une stratégie unifiée de contrôle des frontières, basée sur la coopération Nord-Sud.
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