Après plusieurs mois de tractations et de débats, le projet de loi-cadre n°51.17 relatif au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique a été adopté mardi à la majorité par la commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants.
Ce texte a obtenu 25 voix favorables, alors que deux députés ont voté contre et trois se sont abstenus.
Après cette adoption, le ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi, a souligné, dans une déclaration à la MAP, que l’approbation de ce projet de loi-cadre constitue un « moment historique », affirmant que c’est la première fois que le secteur de l’éducation et de la formation dans le Royaume sera doté de sa propre loi-cadre, ce qui constituera un premier pas vers un décollage réel de l’école marocaine.
Il a, également, fait savoir que ce texte sera débattu lors de la prochaine session au niveau de la deuxième Chambre du Parlement.
Ce projet de loi-cadre vise à rénover le système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique afin de garantir l’équité, l’égalité des chances, la qualité et la promotion de l’individu et du progrès de la société et sa durabilité, ainsi qu’à mettre en œuvre un cadre contractuel national pour l’Etat et pour les autres acteurs et partenaires impliqués dans ce domaine.
Ce projet repose sur un ensemble de leviers, notamment la généralisation d’un enseignement intégré pour tous les enfants sans discrimination, un enseignement primaire obligatoire pour l’Etat et les familles, une discrimination positive pour les enfants dans les milieux ruraux et périurbains, ainsi que dans les zones vulnérables et le droit d’accès à l’éducation et à la formation aux enfants en situation de handicap ou à besoins spécifiques, en plus de la lutte contre l’abandon scolaire et l’éradication de l’analphabétisme.
Il s’agit également d’assurer une éducation de qualité pour tous en renouvelant les programmes d’enseignement, de formation et de gestion, de réorganiser et de restructurer le système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique.
Le projet souligne que la réforme de l’enseignement est une priorité nationale urgente et une responsabilité commune de l’Etat, de la famille, de la société civile, des acteurs économiques et sociaux et d’autres acteurs dans les domaines de la culture, de l’information et de la communication, affirmant que l’Etat garantit la gratuité de l’enseignement obligatoire, y compris l’enseignement primaire pour les enfants de 4 à 6 ans.
Mais ce qui est notoire dans le vote de mardi, c’est la division au sein des députés du PJD. En effet, deux parlementaires de ce groupe, à savoir Mohammed El Othmani et Mokri Abouzeid, ont voté contre ce projet de loi.
S’agissant de l’article 2 dudit projet relatif à l’alternance linguistique et qui fait l’objet de dissensions au sein de la commission parlementaire, 12 députés ont voté en faveur de cet article, alors que deux députés du PJD (Mohammed El Othmani et Mokri Abouzeid) s’y sont opposés et 16 députés se sont abstenus (12 du PJD et 4 du PI). Tout en sachant que la direction du PJD avait appelé ses députés à s’abstenir lors du vote de cet article.
Il y a lieu de signaler que les sorties médiatiques de l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ont semé la zizanie dans les rangs du PJD. Lors de l’une d’entre elles, il a appelé ouvertement les parlementaires du PJD à se rebeller contre le chef du gouvernement Saad Dine El Otmani et à rejeter ce projet de loi qui appelle, d’après lui, à l’enseignement des matières scientifiques et techniques dans des langues étrangères dont le français, «langue du colonisateur».
Le bras idéologique du parti de la Lampe, à savoir le MUR, a encore enfoncé le clou quand il a annoncé son opposition à l’adoption de ce projet de loi, appelant le gouvernement et les partis politiques à assumer leur « responsabilité historique » lors des prochaines étapes législatives, et ce conformément aux dispositions de la Constitution visant à renforcer les statuts des deux langues officielles du Maroc dans l’enseignement, l’administration et dans les différents domaines de la vie publique.
T. Mourad
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