Notre principal objectif est de renforcer les pouvoirs des Parlements dans la vie politique de nos pays respectifs
La coopération pour la paix et la solidarité a constitué, de tout temps, un choix
stratégique pour le Maroc, conforté par la politique africaine du Royaume, parrainée
et conduite par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a affirmé mardi à Moscou, le président
de la Chambre des représentants, Habib El Malki. Cette politique africaine se décline
à travers des projets stratégiques de coopération
bilatérale et multilatérale avec des pays et blocs régionaux africains, donnant ainsi
à la coopération Sud-Sud une dimension humaine, avec plus de 1000 traités,
accords et protocoles de coopération signés avec des pays africains frères depuis 2000,
a indiqué Habib El Malki dans une allocution lors de la séance de clôture du
2ème Forum du développement du parlementarisme à Moscou.Ci-dessous le texte
intégral de l’allocution prononcée par le président de la Chambre des représentants.
«Excellence, cher collègue, M. Vyacheslav Volodine, président de la Douma d’Etat et de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie,
Chers collègues, présidents et membres des Parlements nationaux,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, tout d’abord, exprimer mes vifs remerciements à la Douma d’Etat de la Fédération de Russie et aux autorités de ce pays pour l’invitation qui nous a été adressée afin de prendre part à cet important forum international. Qu’il me soit permis de les féliciter pour l’excellente organisation de cet événement, et les remercier pour l’hospitalité et l’accueil qui nous ont été réservés par ce pays ami, à l’histoire millénaire, et qui, grâce à sa culture, à sa civilisation et à ses valeurs, a pu enrichir le parcours de l’humanité. La Russie continue, aujourd’hui, encore à enrichir la civilisation humaine grâce à son apport scientifique et technologique. Elle apporte également une contribution significative à l’équilibre des relations internationales et à leur caractère multipolaire.
Monsieur le président, cher collègue,
Vous avez fait le choix pertinent de mettre le développement du parlementarisme au coeur de ce deuxième Forum international, le reliant, par la même occasion, aux travaux de la Conférence parlementaire russo-africaine.
A travers ces deux axes, nous ne manquerons pas de nous pencher sur des questions qui non seulement hypothèquent les relations internationales, mais qui déterminent également le devenir de l’ordre mondial et remettent en cause la stabilité, la paix, la sécurité, la gouvernance, voire l’avenir de l’humanité.
Qu’il s’agisse de la sécurité internationale, du rôle des parlementaires dans l’établissement de la paix et de la stabilité, des défis posés aux législations nationales à l’ère du numérique, de la lutte contre la pauvreté et des disparités sociales ou territoriales, ou encore des graves conséquences des dérèglements climatiques, l’humanité est confrontée aujourd’hui à des défis cruciaux. Il est évident qu’en tant qu’incarnation de la volonté des peuples et prolongement naturel des organisations politiques et syndicales, les Parlements sont au premier plan de la lutte pour gagner ces paris et inverser les tendances négatives en vue d’insuffler une nouvelle dynamique aux institutions.
En plus des responsabilités qui sont les leurs en vue de la réalisation de ces objectifs, les systèmes parlementaires sont confrontés à plusieurs défis, notamment: 1. Les tendances hostiles à l’action parlementaire et aux institutions, 2. La prétention que les systèmes parlementaires ont fait leur temps, 3. La suspicion envers les élites, 4. La diffusion d’informations mensongères ou erronées sur les parlements, 5 – Le faible taux de participation aux élections, 6 – L’émergence de mouvements introvertis, 7. L’amalgame et le chevauchement des problèmes nationaux et internationaux, et 8 – La prééminence des tendances économiques, financières et techniques au détriment des projets politiques et culturels, du débat d’idées et de la vision stratégique globale.
Ces défis se nourrissent de considérations stratégiques régionales et internationales que le monde n’a connues que pendant les deux guerres mondiales du siècle dernier. L’agenda du terrorisme international transcende les frontières nationales, faisant du terrorisme un défi à l’échelle planétaire où sont utilisés des outils dangereux et recourant à une violence aveugle. Les conflits, pour leur part, sont désormais de nature transfrontalière; ils sont devenus chroniques et plus destructeurs que jamais, provoquant des vagues de réfugiés, des déplacements humains, des migrations transfrontalières et entre les continents, avec, dans leur sillage, de grandes tragédies humaines.
Quant au réchauffement climatique, il est à l’origine de dérèglements dévastateurs, non seulement pour la nature, mais également pour la vie de tous les jours.
Face à ces défis, et en matière de gouvernance, il n’est d’autre alternative que de consolider les systèmes parlementaires et les institutions représentatives, de raffermir la confiance en les Parlements et les institutions démocratiques et constitutionnelles. A cet effet, il incombe que les Parlements interagissent avec les problèmes qui surviennent dans la société, qu’ils en saisissent les contextes et les implications, et qu’ils répondent aux préoccupations des citoyennes et des citoyens. Ceci peut être concrétisé par le Parlement de proximité, qui devrait être à l’écoute des citoyens, en particulier les jeunes, les femmes et les couches les plus vulnérables de la société.
A travers leurs fonctions de contrôle et d’évaluation des politiques publiques, les parlements doivent veiller à ce que leurs actions aient un impact sur la vie de la société, dans un souci d’amélioration et d’équité, mais aussi de réduction des disparités sociales et territoriales. Ils doivent veiller également à la stricte application des lois qu’ils adoptent, y compris le principe de corrélation entre responsabilité et reddition de compte.
En outre, les Parlements devraient impliquer les citoyennes et les citoyens dans leurs travaux (en veillant au plein respect de leur autorité et de leur légitimité représentative, tirée des élections), notamment par le biais de mécanismes de démocratie participative et citoyenne, assurer une politique d’ouverture et adopter des modes de communication transparente avec l’opinion publique.
A ce propos, la coopération parlementaire entre la Fédération de Russie et l’Afrique constitue un levier essentiel en vue du renforcement de la coopération interparlementaire concernant l’ensemble des questions que nous venons d’évoquer.
Il nous appartient, à nous tous, de souscrire pleinement à cette ligne de conduite afin de promouvoir les valeurs de démocratie, de renforcer la participation politique et de mettre en oeuvre les réformes requises pour le développement institutionnel. Notre mission, notamment dans le cadre du dialogue parlementaire afro-russe, consiste à lancer des initiatives à même de mettre en place un cadre politique, législatif et juridique propice à l’investissement, à en faciliter la mobilité et à stimuler la compétitivité économique pour promouvoir le développement humain et la justice sociale, faciliter l’intégration économique et sociale et assurer la dignité.
Il nous incombe, par ailleurs, de mobiliser l’opinion publique et de nous assurer de la confiance de nos concitoyens en vue d’un engagement collectif susceptible de promouvoir nos intérêts communs et notre droit naturel à l’exercice d’une démocratie plus vigoureuse et à faire en sorte que nos sociétés deviennent plus inclusives et plus solidaires, sur la base de l’égalité des chances.
La corrélation entre le parlementarisme, d’une part, et la réalisation du progrès et du développement, d’autre part, est déterminante. Cette corrélation revêt une importance toute particulière à la veille de la célébration de la Journée internationale du parlementarisme, le 30 juin de chaque année. C’est l’occasion pour nous, parlementaires, d’évaluer l’impact de l’action parlementaire sur nos sociétés, de capitaliser les acquis et d’envisager de nouvelles perspectives d’action en vue de l’amélioration du travail parlementaire.
L’objectif est d’inciter les Parlements à renouveler leurs mécanismes opérationnels et à rehausser leurs performances institutionnelles afin de garantir une meilleure intervention au niveau de la législation, du contrôle de l’Exécutif et de contribution, conjointement avec les gouvernements, au progrès démocratique ainsi qu’à l’élaboration et à la mise en oeuvre de lois et de politiques efficaces.
Notre principal objectif est de renforcer les pouvoirs des Parlements dans la vie politique de nos pays respectifs. En tant que parlementaires, nous nous devons de défendre les intérêts et les aspirations des peuples, de promouvoir la solidarité, d’approfondir la culture démocratique, de renforcer l’Etat de droit et de veiller au respect des droits de l’Homme.
Entre autres objectifs, le parlementarisme rationnel vise à développer le système politique de représentation, garantir l’équilibre requis entre les pouvoirs et préserver la stabilité institutionnelle – condition sine qua non de capitalisation démocratique.
A cet effet, il nous incombe de nous investir dans la recherche des méthodes et des moyens nécessaires pour rehausser le niveau de performance et de gouvernance parlementaires dans les pays africains afin de relever les défis du développement. En effet, la démocratie en Afrique ne relève plus du rêve. Elle est en devenir. Jour après jour, elle est en train de devenir réalité.
Même si nous ne partageons pas l’hypothèse d’une prétendue fin de la démocratie, telle qu’elle est pratiquée dans les pays à maturité institutionnelle, nous n’en sommes pas moins convaincus que la crise de la représentativité devrait nous interpeler. En effet, nous devons en tirer le maximum d’enseignements et prouver que les démocraties dans les pays de l’hémisphère Sud et en dehors des pays de l’Ouest (Europe de l’Est et Asie centrale), et plus particulièrement en Afrique – continent émergent – peuvent dégager de nouveaux horizons et jeter les bases de nouvelles formes de représentation institutionnelle. Incarnée par les Parlements, cette représentation est la pierre angulaire de toute édification démocratique ; elle est également le fondement de la stabilité. Le vide institutionnel ne conduit et ne peut conduire qu’au chaos, à l’anarchie et aux incertitudes.
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
La coopération pour la paix et la solidarité a constitué, de tout temps, un choix stratégique pour le Royaume du Maroc. Aujourd’hui, ce choix se trouve conforté et raffermi par la politique africaine du Maroc, parrainée et conduite par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Elle se décline à travers des projets stratégiques de coopération bilatérale et multilatérale avec des pays et des blocs régionaux africains, mais également par le biais de projets de solidarité avec les pays africains, donnant ainsi à la coopération Sud-Sud une dimension humaine, ce qui en fait un pilier des efforts de développement de l’Afrique, continent auquel nous sommes fiers d’appartenir. Pour preuve, depuis 2000, le Maroc a signé plus de 1000 traités, accords et protocoles de coopération avec des pays africains frères.
Nous sommes persuadés que les relations afro-russes offrent une gamme encore plus large d’opportunités de coopération, et ce à tous les niveaux. Notre dialogue parlementaire devrait constituer l’un des piliers d’une coopération globale, d’où la nécessité d’un cadre institutionnel qui en assure la régularité.
L’Afrique, ce continent économiquement et démocratiquement émergent, au potentiel humain prometteur ce continent de l’avenir qui est en train de se débarrasser des conflits, et la Russie, avec sa puissance stratégique, son poids sur l’échiquier international, son potentiel, ses ressources humaines, ses positions politiques et ses perspectives régionales et internationales, sont en mesure d’instaurer un nouveau modèle de coopération.
Il est évident qu’un tel modèle n’aura pas pour vocation de concurrencer et encore moins de remplacer les relations africaines traditionnelles. Pour autant, il constituera une autre dimension des partenariats mis en place par notre continent avec diverses puissances et autres blocs économiques et stratégiques. L’objectif n’est autre que de réaliser le progrès et la prospérité partagée, de promouvoir la stabilité et la paix mondiales et de veiller à l’équilibre des relations internationales.
De toute évidence, ce Forum, tout comme le Sommet russo-africain en octobre prochain (à Sotchi), sont des éléments d’appui déterminants sur cette voie.
En tant que parlementaires, il nous incombe d’instaurer une diplomatie parlementaire multidimensionnelle impliquant une diplomatie climatique, une diplomatie en faveur du dialogue culturel et civilisationnel, et une troisième diplomatie pour la paix et la coopération. L’objectif n’est pas de remplacer les sujets et les thèmes sur lesquels nous nous sommes traditionnellement penchés dans le cadre de notre travail commun, mais d’envisager de nouvelles pistes d’action pour la diplomatie parlementaire, par une action libre et indépendante, à même de nous aider à éviter les crises et les conflits, tout en servant de force de proposition en vue de promouvoir les valeurs constructives, le progrès et la prospérité commune.
Je vous remercie».
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