Le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, s’est livré pour Hespress FR à une analyse des effets de la crise sanitaire du coronavirus (Covid-19) qui frappe le Maroc, et plus généralement le monde, et qui de son ampleur a bouleversé bien des certitudes. Sujet central, l’économie et par ricochet, le PLFR. Entretien.

https://fr.hespress.com/155883-driss-lachgar-le-plfr-a-ete-propose-de-maniere-non-concertee.html?fbclid=IwAR1-UxfwnKMA-VYR8DYxyuiOee3wKchoMyahaGxCpsB2Tb_5sc_dTmVRcYM

D’emblée, le Premier secrétaire du Parti de la Rose déclare la couleur. « L’économie nationale à l’instar de celle  mondiale va mal et ce n’est que le début malheureusement », assène-t-il

Pour lui, « la situation est telle que la gestion de cette crise ne dépend pas de notre pays seul mais de l’ensemble de la communauté internationale. Nous ne pouvons de ce fait nous avancer dans des prévisions sur une évolution précise de la situation ni sur sa durée dans l’espace et le temps. Nous sommes cependant sûrs que les conséquences seront néfastes sur l’économie mondiale, ce qui amplifiera la crise de l’économie nationale ».

Driss Lachgar précise quant à une éventuelle reprise: « Pour le moment pas de reprise de la croissance en vue. Si reprise il y a, ce sera pour 2021 et il est peu probable qu’elle permette d’endiguer les dégâts induits par cette pandémie. Le monde et sans nul doute entré dans une crise économique et sociale qui va durer ».

Concernant la gestion de la crise sanitaire et les secteurs touchés par ce fléau, le dirigeant ittihadi estime que  « les rapports du HCP ainsi que les enquêtes de la CGEM indiquent clairement que les secteurs les plus touchés par la crise sont ceux des services, notamment le tourisme et les petits commerces mais également le secteur du BTP/Promotion immobilière et les industries exportatrices (intégrées aux chaînes de production mondiales). Cependant, dit-il, on ne parle que d’activité structurées. Hors, plus de 60% de l’activité économique nationale est dans l’informel… autrement dit des activités sur la santé desquelles nous n’avons aucune mesure et qui ne reçoivent aucun soutien (fiscal ou bancaire) ».

Et partant, Driss Lacgar reste sceptique quant à une reprise conforme aux prévisions. « Je ne pense pas qu’on puisse parler de reprise pour le moment et encore moins de conformité avec des prévisions … les prévisions pour le moment ne parlent pas de reprise mais bien d’un enlisement ou du moins de manque de visibilité », soutient-il.

S’agissant, par ailleurs, des mesures gouvernementales massives pour tenter d’amortir le choc, le Premier secrétaire de l’USFP, a tenu tout d’abord, à saluer « le peuple marocain pour sa solidarité et son engagement en faveur des mesures de confinement sanitaire« , avant de souligner que « la fermeture totale et inopinée du pays, qui était nécessaire pour la préservation de la vie des citoyens, a impacté la majorité des entreprises marocaines et affecté leur capacité à faire face au risque de liquidité. Pour cette raison, la réaction du gouvernement à travers le Comité de veille économique(CVE) était judicieuse et vitale pour atténuer ce risque. Cependant, nous ne devons pas nous contenter de cela et nous devons nous tourner vers le risque de solvabilité qui pourrait empirer avec le retard de la reprise de l’activité économique ».

Et de poursuivre: « Sur le plan du soutien de la consommation des ménages nous pensons qu’il est nécessaire de continuer à distribuer les aides directes pour permettre aux ménages de faire face surtout que des vagues de licenciements risquent de commencer dès cet été ».

Quant aux mesures sectorielles à apporter notamment au tourisme et au transport aérien, Driss Lachgar nous dit : « Franchement l’incertitude quant à la liberté de circulation et le risque de re-confinement partiel plombent tout effort de relance ou de soutien de ces secteurs. Par ailleurs, nous déplorons l’absence d’un vrai plan de soutien. N’oublions pas qu’il s’agit de centaines de millions de postes de travail dans le monde qui sont en jeu».

Interrogé sur la capacité (ou non) des Marocains de retrouver le goût de la consommation et comment leur redonner confiance, le Premier secrétaire du Parti de la Rose fait noter que « les gens ont bien sûr des besoins qu’ils doivent satisfaire mais le manque de visibilité sur la pérennité de leurs sources de revenu ou tout simplement la prudence dictée par l’ambiance de crise n’encouragent pas à la consommation ».

Pour conclure: « Pour nous la transparence et la cohérence de l’action gouvernementale sont primordiales pour avoir la confiance des citoyens. Malheureusement nous sommes surpris par la façon non-concertée avec laquelle le gouvernement a proposé le projet de loi de finances rectificative. Cela n’aide pas à construire un climat de confiance ».

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