L’orientation du Maroc vers l’Europe, son ouverture inaltérable sur les pays du nord de la Méditerranée et ses échanges avec cette région contribuent au renforcement des relations franco- marocaines

L’ORIENTATION DU MAROC VERS L’EUROPE, SON OUVERTURE INALTÉRABLE SUR LES PAYS DU NORD DE LA MÉDITERRANÉE ET SES ÉCHANGES AVEC CETTE RÉGION CONTRIBUENT AU RENFORCEMENT DES RELATIONS FRANCO- MAROCAINES

François de Rugy, Président de l’Assemblée nationale,
M. Gérard Larcher, Président du sénat,
M. Abdelhakim Benchamach, Président de la Chambre des Conseillers,
Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de déclarer ouverts, avec vous, les travaux de ce troisième Forum parlementaire Maroc-France, dont la régularité des sessions illustre la profondeur et la solidité des relations franco-marocaines. Elle témoigne également de l’importance de la diplomatie parlementaire et de son rôle en matière de consolidation des acquis enregistrés dans nos relations bilatérales, d’une part, et d’exploration de nouveaux horizons d’expression des liens historiques variés unissant nos deux pays. Ceci étant, nous prenons acte des changements géopolitiques qui s’opèrent à grande cadence et qui renforcent, jour après jour, la détermination de la France et du Maroc à consolider leurs relations et à assurer le rôle d’acteurs actifs et constructifs sur la scène internationale, conformément à une vision qui ne renie aucune des valeurs humaines que nos deux pays ont en partage.
Dans le cadre de cette vision, tournée vers l’avenir, nous avons convenu ensemble des quatre axes qui seront abordés par cette session de notre Forum parlementaire qui a pour thème central «Le partenariat Maroc-France: les perspectives africaines ». Qu’elles relèvent du cadre bilatéral, multilatéral ou international, ce sont des questions d’actualité que nous allons aborder.  En effet, qu’il s’agisse de l’axe « Politique et stabilité », de celui de la « Migration et mobilité des personnes », de celui de « la Coopération économique », ou encore de celui des « Mécanismes de coopération pour un développement durable en Afrique », le Maroc et la France partagent la même vision. Mieux encore, ils ont à leur actif des contributions et des initiatives conjointes ainsi que des approches concordantes, pour ne pas dire identiques.
Les relations franco-marocaines sont fondées sur une histoire commune. Celle-ci repose, elle-même, sur un certain nombre de piliers et de composantes, y compris culturels – incarnés par la culture et la langue françaises – économiques – représentés par un partenariat d’exception et d’intenses échanges commerciaux – et humains, tel qu’illustré par l’importance autant que la qualité de la communauté marocaine résidant en France, et, depuis quelques années, par la présence d’une communauté française qualitative au Maroc. Au-delà de ce qui précède, notre plus grand dénominateur commun n’est autre que l’attachement de nos deux pays aux valeurs humaines universelles.
L’orientation du Maroc vers l’Europe, son ouverture inaltérable sur les pays du nord de la Méditerranée et ses échanges avec cette région, contribuent au renforcement des relations franco-marocaines. Pour le Royaume, le partenariat UE-Maroc est un choix stratégique, ferme et volontariste dicté par la proximité géographique, les facteurs historiques et les intérêts communs.
A mesure que l’édifice européen se renforçait et s’élargissait, les relations UE-Maroc prenaient de l’ampleur au plan sectoriel, et s’approfondissaient au niveau politique. Ainsi, le Maroc fut le premier pays de la rive sud de la Méditerranée et la première nation africaine à signer, dès 1969, un accord avec la CEE ; il fut aussi le premier pays à obtenir un statut avancé dans ses relations avec l’Union européenne, et ce en octobre 2008.
Le rôle pionnier joué par la France dans la promotion des relations Maroc-UE, tout autant que son rôle central et décisif dans la mise en place et le développement de l’édifice européen, ne sont plus à démontrer. Lorsqu’il arrive, des fois, que les relations Maroc-UE traversent des phases de mésentente dues à une mauvaise compréhension par certaines parties, à des erreurs de jugement ou à la défense d’intérêts étriqués, le Maroc, pleinement attaché à sa souveraineté, conscient de la légitimité de ses droits, convaincu de la pertinence des réformes qu’il entreprend et des politiques qu’il met en œuvre, a toujours trouvé, en la France, le partenaire compréhensif et fiable qui défend les causes de mon pays. Il s’agit là, assurément, de l’incarnation des valeurs de loyauté qui président aux relations entre nos deux pays.

Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Parallèlement à cet élan en direction des pays du Nord, le Maroc a jeté les bases d’une coopération et de partenariats qualitatifs avec les pays de l’hémisphère Sud, en particulier avec son fond africain. Il s’agit là d’un choix stratégique qui renforce le partenariat Maroc-UE, et plus encore le partenariat franco-marocain.
Les questions qui seront au centre de ce troisième Forum sont au cœur de ces partenariats et des intérêts du Maroc et de la France. En apportant des réponses concrètes, pratiques, efficientes et démocratiques aux problématiques actuelles liées à la coopération Nord-Sud et Sud-Sud, nous aurons fait en sorte que nos politiques – en tant qu’institutions représentatives, gouvernements et secteur privé – servent la stabilité et la prospérité commune – qu’elles servent l’être humain, en définitive.
Il ne fait aucun doute que le rôle central et décisif joué par la France, au sein de l’Union européenne, et le rôle clé et essentiel assuré par le Maroc au sein de l’Union africaine, conjugué aux partenariats qu’il a mis en place, dans un cadre bilatéral, avec la plupart des pays africains, contribueront à remporter ce pari.

QUELLE COOPÉRATION POTENTIELLE POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE?

Un message  en direction  de l’Afrique,  pour confirmer  l’engagement de nos deux pays envers  le continent pour  toute problématique liée à l’environnement

Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Sous l’axe ‘Politique et stabilité’, un certain nombre de problématiques nous interpellent. Elles peuvent être résumées dans la question suivante: Par quels moyens peut-on rétablir la paix, la stabilité et la sécurité dans un certain nombre de régions à travers le monde – et plus particulièrement dans notre environnement euro-méditerranéen – où les conflits internes, sectaires et transfrontaliers, mais également  l’effondrement de l’Etat, dans certains pays, entraînent de véritables tragédies, l’effondrement économique et des opérations d’exode massif ?
S’agissant de la migration et du déplacement des personnes, il me semble que la responsabilité politique et morale exige que nous traitions cette problématique d’une manière inclusive, clairvoyante et imprégnée d’humanisme, et que nous nous attaquions aux racines de ce phénomène universel au soubassements historiques. Ceux et celles qui quittent leur pays, en s’aventurant dans la brousse et les océans, le font malgré eux. Ils le font pour des raisons liées à des conditions climatiques difficiles, aux guerres, au purification ethnique, à la pauvreté ou au chômage chronique. Au lieu de fermer les frontières, d’ériger des murs pour repousser les migrants, il faudrait jeter des ponts de coopération.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Leader de l’Union africaine sur la question de la migration, l’a dit : il importe de déconstruire un certain nombre de mythes associée à la migration, notamment celle d’origine africaine. Tel que souligné par le Souverain, à l’échelle africaine, 4 migrants africains sur 5 restent dans le continent; il ajoute que la migration illégale ne représente qu’un cinquième de l’ensemble du phénomène migratoire dans le monde, et que 85% des revenus des migrants restent dans les pays d’accueil.
En tant que démocrates, nous avons l’obligation de nous élever contre le discours de haine et d’introversion ; nous devons nous opposer à l’instrumentalisation de la question de la migration à des fins politiques, à son utilisation comme épouvantail dans des enjeux politiques, ou pour remporter des batailles électorales ou faire le lit du populisme. Il est certain que la France, berceau des libertés, pays d’accueil et d’intégration par excellence, et le Maroc, nation aux traditions d’accueil et d’ouverture avérées, et qui, depuis 2013, met en œuvre une nouvelle politique migratoire à dimension humaine inclusive et solidaire, nos deux pays, disais-je, ont un rôle à jouer, une responsabilité à assumer, par l’adoption de politiques audacieuses allant au-delà de l’accueil. Ils devraient s’attaquer aux racines profondes du phénomène, à savoir contribuer au développement des pays émetteurs, et prévenir et résoudre les conflits transfrontaliers et internes qui mènent à l’effondrement de l’Etat, notamment dans certaines régions au Sud et à l’Est de la Méditerranée.
Que ce soit dans la gestion du phénomène migratoire, dans la réalisation du développement ou dans la résolution des conflits, la coopération Nord-Sud et le respect des principes et valeurs universels des droits de l’homme sont mis à l’épreuve.
Il va sans dire que cette coopération n’atteindra pas les objectifs escomptés si elle n’est pas fondée sur le développement et le renforcement de la coopération Sud-Sud. Aujourd’hui, cette coopération participe de l’idéologie sous-tendant le système de gouvernance au Maroc et fait partie des axes infrangibles de la politique du Maroc sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui supervise et mène sur le terrain une politique africaine marocaine authentique et unique.

Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Nous avons été bien inspirés, à mon sens, de choisir la coopération économique comme troisième axe de notre Forum. En effet, un certain nombre de questions nous interpellent fortement quant au bilan de la mondialisation aujourd’hui, et aux raisons qui font que tant de peuples sont encore loin de bénéficier des fruits de la libéralisation du commerce international. Quels sont les défis qui pourraient résulter des discours et mesures protectionnistes que certaines puissances menacent de mettre en oeuvre aujourd’hui? Comment la coopération Sud-Sud devrait-elle stimuler les échanges Nord-Sud? S’agissant du partenariat franco-marocain, qu’incombe-t-il de faire pour que ces échanges avec Afrique revêtent une dimension humanitaire et solidaire ?
Il est évident qu’une exploitation optimale des perspectives offertes par le partenariat franco-marocain en Afrique, fondées sur de nouvelles approches favorisant la solidarité, centrées sur l’homme et s’inscrivant dans la durabilité, donnera un nouveau souffle à la coopération internationale, qui a d’ailleurs grand besoin de renouveau.
Bien que la France et le Maroc soient des leaders en termes d’investissement dans un certain nombre de secteurs en Afrique, ils devraient d’atteler à relever le défi de la concurrence et à encourager leurs entreprises à opérer les transitions requises afin de ne pas être en décalage par rapport aux progrès rapides que connaît l’Afrique, et également pour être au diapason des transformations en cours sur le continent.

Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Le choix du thème « Quelle coopération potentielle pour un développement durable en Afrique » n’a rien de fortuit. En fait, ce choix se veut un message dans deux directions: d’abord, il s’agit de mettre l’accent sur la gravité des déreglements climatiques ; ensuite,  c’est un message en direction de l’Afrique, pour confirmer l’engagement de nos deux pays envers le continent pour ce qui est problématiques liées à l’environnement.
Il convient de rappeler, à cet égard, que le partenariat novateur et exceptionnel mis en place par le Maroc et la France en faveur de l’environnement, à travers les deux Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP21, à Paris, et la COP22, à Marrakech, a placé l’Afrique au cœur des préoccupations de la communauté internationale en matière de problématiques environnementales. Il nous appartient, à présent, d’insuffler une nouvelle dynamique aux mécanismes opérationnels relatifs aux résolutions internationales afin de donner un caractère concret et tangible aux engagements financiers internationaux (à travers le Fonds vert, en particulier). Il s’agit là d’une responsabilité éthique et politique que nous nous devons d’assumer en imprimant un nouvel élan au plaidoyer international pour une équité climatique en faveur de l’Afrique.

Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Il est clair que la France – qui entretient des relations de très longue date avec un grand nombre de pays africains – et le Maroc – dont l’appartenance au continent africain est aussi solide que séculaire, et qui applique, de surcroît, une politique africaine remarquable qui lui a valu d’être le premier investisseur africain sur le continent – sont invités à déployer un nouveau partenariat multilatéral en direction de l’Afrique, ainsi qu’une politique fondée sur la solidarité, à même d’aider à relever les défis auxquels le continent est confronté.
Encore une fois, soyez les bienvenus parmi nous. Je vous remercie de votre aimable attention.”

 

Libé

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