La situation culturelle au Maroc décortiquée à Casablanca
La section USFP des Roches Noires a organisé, vendredi dernier à Casablanca, une conférence sur le thème «La situation culturelle actuelle au Maroc» animée par l’écrivain et membre du Bureau politique de l’USFP, Hassan Najmi.
La notion de culture, selon l’intervenant, ne signifie pas seulement la culture savante et écrite, mais également la culture populaire et orale. «Ma conception de la culture est plus large. Pour moi, la culture ne peut pas se limiter à l’écrit, mais elle couvre tout ce qui a rapport à la vie quotidienne des gens, à leur manière d’agir, de croire, de s’habiller et même de saluer », a-t-il soutenu lors de cette conférence tenue à la salle des réunions au siège de l’Arrondissement Roches Noires à Casablanca.
Hassan Najmi a distingué trois moments dans l’évolution de la culture marocaine au moins depuis la colonisation du Maroc en 1912. Le premier moment a été marqué par une vision salafiste de culture dont la base est « la langue arabe, la langue du Coran». On trouve cette vision chez les leaders du Mouvement national et des intellectuels de cette époque tels que Allal El Fassi, Abdellah Guennoun, Mohammed El Hajoui.
Après l’indépendance du Royaume, une nouvelle vision moderniste de la culture marocaine a vu le jour. Dans un Maroc postcolonial, la question de l’édification d’un Etat national démocratique et indépendant et d’une nouvelle société a été le souci principal des élites nationalistes et des intellectuels. Dans ce contexte, les intellectuels de l’époque considèrent que la culture marocaine doit avoir des fondements sociaux.
Vers les années 70, une nouvelle vision est née avec des intellectuels tels Abdelkébir El Khatibi, Mohammed Berrada, Ahmed Bouzfour. Ces intellectuels, influencés par Roland Barthes qui était enseignant invité à l’Université Mohammed V à Rabat pendant trois ans, considèrent que la culture marocaine n’est pas homogène, ni salafiste, mais elle est marquée par la diversité et la pluralité.
Ils ont par ailleurs mis en valeur la culture populaire orale, marginalisée aussi bien par le courant salifiste qui a dominé durant la lutte contre le colonialisme que par les intellectuels des premières années de l’indépendance. Et il semble que l’intervenant adopte la vision mettant en valeur la culture populaire orale.
Par la suite, Hassan Najmi a abordé plusieurs problématiques concernant l’état actuel de la culture marocaine comme celle des langues d’enseignement qui suscité un vif débat entre ceux qui défendent l’enseignement des matières scientifiques et techniques par des langues étrangères et ceux qui estiment qu’il faut que ces matières soient enseignées en langue arabe. Le point de vue personnel d’Hassan Najmi (il a à maintes reprises souligné au cours de cette conférence qu’il défend ses opinions personnelles) penche du côté de ceux qui défendent la langue arabe, même s’il a tenu à préciser qu’il l’a défendue non pas en tant que langue sacrée, mais comme une langue vivante à l’instar des autres langues importantes parlées dans le monde. Selon lui, la langue arabe doit « avoir sa propre vie» pour qu’elle puisse évoluer.
Par ailleurs, Hassan Najmi a affirmé que « la problématique linguistique fait partie intégrante de la problématique éducative dans notre pays ». Et de mettre en exergue l’importance de la question éducative dans « la formation de l’identité nationale».
La place de la culture dans la formation de cette identité est, selon l’intervenant, primordiale. Pour cette raison, il considère que le nouveau modèle de développement ne doit en aucun cas passer sous silence la dimension culturelle.
Rappelons enfin que Hassan Najmi est l’un des fondateurs de la Maison de la poésie au Maroc. Écrivain et journaliste, il a écrit plusieurs essais et recueils.
Mourad Tabet
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