L’OSFI réitère la détermination de la femme ittihadie à poursuivre son militantisme pour la modernité et la démocratie
L’Organisation socialiste des femmes ittihadies (OSFI) a exprimé son amertume, sa frustration et sa colère face aux nombreuses régressions et manifestations d’injustice, de fragilité et d’exclusion vécues par les femmes marocaines.
Dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée nationale de la femme marocaine, elle a indiqué que ces régressions se produisent à un moment où le Maroc connaît de profondes transformations sociales au niveau des structures familiales, des indicateurs sociaux et économiques, de l’enseignement et de la formation professionnelle des femmes. Ces régressions interviennent également à une époque où le mouvement féminin se mobilise pour protéger les acquis et développer la condition féminine dans une société qui a choisi d’avancer vers la modernité et la démocratie.
L’OSFI précise que le 10 octobre constitue une journée d’évaluation des résultats obtenus, d’appréciation des acquis, mais également une occasion de constater les dysfonctionnements, de mettre en garde contre les régressions et de réaffirmer la détermination à poursuivre la lutte pour la modernité, l’égalité et la justice sociale.
Dans ce contexte, l’OSFI a appelé à mettre fin aux stéréotypes développés à propos des femmes dans les médias et à mettre en valeur leurs expériences réussies dans les spots publicitaires ainsi que dans divers programmes artistiques et scientifiques.
L’OSFI a, par ailleurs, fait part de la poursuite de la lutte pour réviser le cadre législatif visant à promouvoir les droits de la femme marocaine. Dans ce sens, elle a appelé à réviser le Code de la famille conformément à l’esprit d’égalité énoncé dans la Constitution de 2011, et aux obligations internationales du Maroc en tenant compte des changements sociaux que le Royaume connaît.
L’OSFI a également appelé à un plaidoyer supplémentaire en vue de modifier le Code pénal soumis actuellement à la Chambre des représentants, et ce afin de protéger les droits individuels et la vie privée des citoyens et d’assurer la cohérence et la conformité avec les normes nationales et internationales.
L’OSFI a, par ailleurs, noté qu’elle continuera à militer pour l’adoption de l’approche genre dans les politiques publiques et en faveur d’une société d’égalité et d’équité. Elle a aussi appelé à la mise en place de procédures légales et réglementaires pour assurer une représentation équilibrée des femmes dans les différentes institutions de l’Etat et de la société, loin des décisions péremptoires, des consensus circonstanciels et des calculs électoralistes.
Des avancées notables mais nuancées
Le Maroc célèbre, aujourd’hui, la Journée nationale de la femme marocaine, une commémoration coïncidant avec le dixième jour du dixième mois de chaque année et mettant en avant les avancées notables mais nuancées qu’a connues le statut de la femme marocaine durant les 20 dernières années.
Cette journée symbolique est, à n’en pas douter, une occasion pour mettre en exergue les chemins parcourus et les réalisations passées, mais surtout, pour préparer l’avenir et les opportunités qui attendent les futures générations des femmes marocaines.
Nul ne peut nier les principales réalisations et les grands efforts déployés par le Maroc en la matière, mais la promotion des droits des femmes demeure « un grand défi sur le terrain », a affirmé, dans un entretien accordé à la MAP, Jamila Sayouri, avocate militante des droits de l’Homme.
En matière des droits des femmes, le Maroc a initié de multiples réformes structurantes, notamment la Moudawana, le Code de la nationalité, la scolarisation des filles, l’accès des femmes aux postes de décision, l’adoption de l’approche genre dans tous les domaines et les programmes de lutte contre la violence à l’égard des femmes, a souligné Jamila Sayouri, également présidente de l’Association « Adala » pour le droit à un procès équitable, rappelant que malgré les progrès réalisés, les inégalités femmes-hommes persistent au sein de la société marocaine.
A cet égard, le Maroc a entamé des réformes successives du Code pénal avec des avancées à célébrer telles que l’incrimination du harcèlement sexuel, l’aggravation des sanctions encourues pour le viol, l’abrogation de l’alinéa 2 de l’article 475 qui autorisait le violeur à épouser sa victime ainsi que l’entrée en vigueur de la loi 103-13 relative à la lutte contre la violence (économique, physique, psychologique ou sexuelle) envers les femmes, a-t-elle indiqué, soulignant, toutefois que ce même code « comporte toujours quelques failles ».
« La protection légale et juridique des droits des femmes et leur accessibilité à la justice sont des axes fondamentaux qu’il faut absolument renforcer, et ce à travers la mise en place de mécanismes et de mesures favorisant la simplification des procédures », a estimé Jamila Sayouri.
Approchée par la MAP, Hayat Lahbaili, actrice associative, estime que les femmes sont les piliers de la réalisation des profonds changements économiques, politiques et sociaux, indispensables pour l’évolution et le développement de la société. Le rôle primordial joué par les femmes marocaines exige leur autonomisation dans tous les domaines de la vie sociale, a-t-elle assuré.
Selon Hayat Lahbaili, la Constitution de 2011 reflète la volonté du Maroc de consolider l’égalité des sexes, la dignité et un meilleur accès aux droits socioéconomiques. Toutefois, poursuit-elle, l’application de ces principes sur le terrain demeure insuffisante.
L’égalité femme-homme fait encore débat, d’où l’importance de cette journée qui représente un véritable rassemblement autour des efforts entrepris, ainsi qu’une nouvelle réflexion sur les acquis enregistrés et les changements à effectuer pour une égalité digne de ce nom.
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