La question prioritaire doit être l’emploi des jeunes

Le gouvernement se félicite du bilan de ses actions en matière d’amélioration du climat des affaires dans notre pays. Dans un document dressant le bilan de l’action gouvernementale, l’exécutif a indiqué qu’il a participé à l’exécution d’un bon nombre de réformes destinées à améliorer le climat des affaires, à faciliter la vie des entreprises et à soutenir l’investissement. L’ensemble de ces efforts ont permis, précise ledit document, de réaliser des résultats réels et palpables au profit des entreprises et de l’économie nationales, en particulier, au niveau des investissements, des IDE et de création d’entreprises et leur préservation contre les faillites.

Ces efforts ont permis également, ajoute le document gouvernemental, d’améliorer la position du Maroc au niveau du classement « Doing Business», ce qui a contribué, en conséquence, à renforcer le rayonnement international de notre pays et son attractivité.

Toutefois, Khaoula Lachguar, membre du Conseil national de l’USFP, a estimé, lors de l’émission «Ma waraa elhadat», diffusée dernièrement sur Medi1 TV, que les mécanismes d’amélioration du climat des affaires dans notre pays doivent d’abord profiter aux petites entreprises et aux auto-entrepreneurs et non pas aux seuls investisseurs étrangers. Selon elle, il faut arrêter d’aborder le débat sur l’amélioration du climat des affaires selon la seule optique « Classement Doing Business ».

A l’inverse, elle pense que le débat doit plutôt se focaliser sur la responsabilité des responsables gouvernementaux et administratifs dans l’amélioration du climat des affaires pour les investisseurs et les entrepreneurs marocains, autrement dit, la jeune entreprise marocaine. Mais, comment peut-on envisager cette amélioration ? La facilité de faire des affaires passe d’abord, précise Khaoula Lachguar, par le renforcement de la formation en créant des liens entre celle-ci, l’enseignement et le marché de l’emploi. D’autant que notre pays manque de synergie entre les politiques. Ensuite, par l’accompagnement via des législations claires et précises.

D’après elle, nombreuses sont les petites entreprises qui font faillite et qui ont du mal à procéder à une liquidation judiciaire faute d’un cadre légal clair. Et du coup, ces PME sont appelées à endurer un processus long et pénible avec des conséquences importantes sur les plans financier et social. Et enfin, par le financement. Pour elle, le Maroc n’a plus besoin d’un secteur bancaire conservateur qui participe timidement au cycle économique. Elle estime qu’il faut revoir les services bancaires proposés par ces établissements et assurer des fonds pour les PME. Elle pense également qu’il faut développer et encadrer le secteur bancaire pour qu’il devienne l’un des éléments constitutifs du cycle économique dans notre pays. « Nous ne voulons pas d’un secteur bancaire ermite et hors de l’économie nationale », a-t-elle martelé.

Dans ce sens, l’interviewée a rappelé que l’USFP a souvent appelé au rétablissement de «l’initiative nationale» destinée à renforcer les capacités de l’entreprise nationale en matière d’investissement, de production, de création des richesses et de l’emploi et le contexte de Covid-19 n’a que réaffirmé l’importance de cette thèse, juge-t-elle. En outre, elle estime que l’Etat peut jouer un rôle primordial dans le soutien des entreprises notamment celles qui sont endettées et qui doivent rembourser leurs obligations alors que leur situation financière n’est pas tout à fait rétablie. Mais comment peut-on envisager cette intervention de l’Etat ? «Les pouvoirs publics peuvent participer au capital des entreprises. Cette intervention n’est plus un tabou, même dans les pays les plus libéraux.

En effet, le soutien via des crédits n’aura pas l’effet escompté puisque leur remboursement entame les capacités financières des entreprises», a-t-elle indiqué. Et de souligner : « Pourtant, cette participation de l’Etat doit être limitée dans le temps et cesser une fois que l’entreprise retrouve son équilibre financier. Il faut ajouter que cette participation permettra de contrôler de près les fonds versés auprès des entreprises et allégera le fardeau d’endettement sur ces dernières ». A ce propos, elle a affirmé que le financement constitue le nerf de la guerre du nouveau modèle de développement et qu’il n’y aura pas de société développée et moderniste sans révision radicale du système fiscal. « Cette révision doit passer par l’élargissement de l’assiette fiscale et non pas par la hausse des taux d’impôt. Ce qui va permettre, d’un côté, d’intégrer le secteur informel dans l’économie formelle et, de l’autre, d’assurer des fonds pour les politiques publiques ». Khaoula Lachguar croit, cependant, que la question prioritaire doit être l’emploi des jeunes. Selon elle, il faut créer les conditions adéquates pour permettre aux jeunes d’inventer et de prendre l’initiative. « Aujourd’hui, notre pays bénéficie d’un taux élevé du nombre des jeunes, mais malheureusement, on ne profite pas de cette situation.

En effet, la jeunesse n’est pas conçue comme l’axe principal de nos politiques publiques», s’estelle désolée. Et de conclure : « Nous nous concertons trop sur les indicateurs internationaux comme c’est le cas pour le classement Doing Business mais nous négligeons les indicateurs en relation avec l’emploi des jeunes, l’accès des jeunes aux services de la santé et autres. C’est plutôt ces indicateurs qui doivent faire l’objet d’une reddition des comptes de la part des responsables gouvernementaux et cela ne peut se réaliser en l’absence d’une stratégie nationale au profit des jeunes. Il faut aujourd’hui traiter les jeunes comme des citoyens dotés pleinement de leur capacité juridique et qui sont capables de travailler et d’inventer ».

Hassan Bentaleb

 

Libé

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