Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a gagné les élections législatives anticipées tenues la fin de la semaine dernière avec 28,7% des voix des électeurs et 123 sièges.
Les socialistes ont ainsi réussi un grand exploit, en comparaison avec le scrutin précédent de 2016 au cours duquel ils n’avaient obtenu que 85 sièges. Mais le plus important, c’est que les socialistes ont obtenu la majorité absolue au Sénat (la Chambre haute du Parlement espagnol) pour la première fois depuis 1993.
Par contre, le Parti populaire (droite) a essuyé une défaite historique. Même s’il s’est classé en deuxième position, il n’a remporté que 16,6% des suffrages et 66 députés, soit 72 sièges de moins que ceux obtenus lors des élections précédentes.
Le parti d’extrême droite, Vox, a, pour sa part, fait son entrée, pour la première fois, au Parlement espagnol avec 24 députés.
Le parti d’extrême gauche, Unidas-Podemos a vu son résultat reculer légèrement. Cette formation issue du Mouvement des indignés a obtenu 42 sièges, contre 45 lors des élections de 2016.
Cependant, même s’ils sont arrivés largement en tête de ces élections et qu’ils sont devenus la première force politique au Congrès des députés (la chambre basse du Parlement), les socialistes ne pourront néanmoins pas former le gouvernement en solitaire. «Le PSOE a gagné les élections, mais il a besoin de conclure des pactes» a titré hier le quotidien espagnol El Pais dans un article publié sur son portail électronique. Par ailleurs, l’autre quotidien espagnol El Mundo a souligné que Pedro Sánchez qui sera nommé président du Conseil par le monarque espagnol devra négocier avec d’autres formations politiques pour former son nouveau cabinet. «Les résultats des urnes sont complexes et très fragmentés, mais ils ont éliminé le risque de mettre l’exécutif entre les mains des revendications sécessionnistes ou la réédition des élections», a écrit El Mundo. Et d’ajouter que les socialistes n’ont pas pu obtenir 176 sièges, c’est-à-dire la majorité absolue et ils peuvent ne pas conclure de pacte avec d’autres formations comme Unidas Podemos (gauche) ou le Parti national basque (PNV), ainsi que d’autres formations politiques minoritaires au Congrès des députés. «Néanmoins, Pedro Sánchez pourrait être investi au deuxième tour par le Parlement si le PSOE y va seul puisqu’il y est seulement exigé qu’il reçoive plus de oui que de non. Les indépendantistes catalans ne seront donc pas nécessaires pour la formation du gouvernement», a mis en avant El Mundo.
Quant à la percée électorale du parti d’extrême droite, Vox, elle est d’autant plus inquiétante que ce parti a notamment fondé sa légitimité sur l’hostilité envers les étrangers et les migrants.
Contactée à ce propos, Aicha El Gourgi responsable de l’USFP en Espagne s’est montrée satisfaite des résultats de ce scrutin et nous a affirmé que les militants ittihadis ont fait campagne en faveur du PSOE. «Nous avons suivi les consignes de notre Premier secrétaire, Driss Lachguar, qui a appelé les militants de l’USFP en Espagne à soutenir nos alliés socialistes et à mobiliser les Marocains résidant dans ce pays pour donner leurs voix aux forces progressistes et, partant, contrer l’extrême droite», a-t-elle précisé.
«Les étrangers et notamment les Marocains étaient inquiets quant à une percée de Vox. Ce parti a fondé sa stratégie électorale sur la xénophobie. C’est un parti anti-marocain qui plaide pour la rupture des relations avec notre pays», a-t-elle souligné. Et de préciser : «Il ne fait aucun doute que cette victoire a mis fin aux craintes des communautés étrangères, même s’il ne faut pas oublier que l’extrême droite a mis un pied dans les institutions».
Aïcha El Gourgi nous a également assuré que le vote des étrangers a été déterminant dans la victoire des socialistes espagnols, tout en nous rappelant la phrase d’un Cubain qu’elle a postée sur sa page Facebook soulignant qu’«il y a des bureaux de vote dans lesquels le vote des Latino-américains et des personnes d’origine arabe, en particulier, était décisif» pour la victoire des socialistes.
«Pour les migrants, la victoire des socialistes aux élections est fort importante pour faire face au renfermement, au chauvinisme et à l’extrémisme», a-t-elle mis en exergue.
Quant à l’avenir des relations entre Rabat et Madrid au vu des résultats des élections du dimanche dernier, la militante ittihadie a estimé qu’il y a deux options. Primo : elles pourraient être négativement impactées au cas où Pedro Sánchez s’allie à Unidos Podemos qui est, en quelque sorte, hostile à l’intégrité territoriale du Royaume. Par contre, si le chef de file des socialistes forme son gouvernement avec le parti centriste Ciudadanos qui a obtenu 15,8% des voix et 57 sièges, les relations entre Rabat et Madrid ne seront pas affectées négativement.
Il convient de rappeler que préalablement aux élections anticipées espagnoles, le Secrétariat provincial de l’USFP dans ce pays avait lancé un «appel pour la défense des droits et des libertés» dans lequel il avait fustigé «la campagne propagandiste des partis d’extrême droite en Espagne qui a montré malheureusement de l’indulgence envers la prolifération du discours de la haine et de la xénophobie à l’encontre des droits des migrants et des minorités dans une société habituée au respect des valeurs du vivre-ensemble».
Les militants ittihadis en Espagne avaient mis en garde contre la montée de ce discours de haine et souligné qu’il est inadmissible de «ne pas tenir compte de cette menace de l’extrême droite qui incite à la haine raciale contre les libertés et les acquis, menace de fermer les mosquées et les associations, incite contre les droits de la citoyenneté sur la base des valeurs d’égalité et des principes de coexistence et se montre hostile aux valeurs de tolérance, de respect des différences, de diversité culturelle et de pluralisme politique ».
Ils avaient également affirmé que « la réponse possible et appropriée à ce défi consiste à se prémunir contre le mal auquel nous sommes tous exposés si nous faisons montre d’indifférence face au défi de la droite raciste. Par conséquent, assumer la responsabilité exige aujourd’hui une mobilisation tous azimuts pour défendre les droits et les libertés ».
Le Secrétariat provincial du parti de la Rose en Espagne avait aussi appelé les citoyennes et citoyens d’origine marocaine à « prouver leur adhésion au droit de vivre dans une société garantissant la justice sociale à tous, quels que soient leur langue, leur couleur et leur sexe et garantissant l’égalité et les droits des individus et des groupes». Et de conclure : «Si voter pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) n’est qu’une option électorale parmi d’autres, pour beaucoup voter en faveur du PSOE est plus qu’une nécessité; il s’agit d’un appel du devoir pour protéger les droits des migrants et des minorités et de préserver leurs acquis».
Visitors comments ( 0 )