Youssef Aidi lors des débats sur le PLF 2022 à la Chambre des conseillers

Le Groupe socialiste à la Chambre des conseillers a tiré à boulets rouges sur le gouvernement et son projet de loi de Finances (PLF 2022) dont les dispositions ne sont pas en mesure de relever les défis de l’économie nationale.

«Le nouveau modèle de développement (NMD) constitue une plateforme importante pour guider l’action du gouvernement. Cependant, nous avons constaté avec regret que quelques dispositions du PLF 2022 sont moins ambitieuses que le NMD, qu’il s’agisse de dynamiser la croissance économique, de stimuler l’emploi, d’atteindre la parité, d’offrir plus d’opportunités à la jeunesse marocaine, qui est la ressource économique la plus importante dont dispose notre pays, de financer la recherche scientifique, de réaliser la transition économique vers l’industrialisation ou encore de remédier au déficit structurel de notre balance extérieure», a d’emblée martelé Youssef Aidi, président du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers.

Selon Youssef Aidi, le Groupe de l’USFP a souhaité que «le PLF 2022 constitue un prolongement du succès de notre pays dans la gestion de la crise du Covid-19, ainsi que dans l’organisation des échéances électorales et une véritable amorce de la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, en réalisant de véritables réformes sociales et d’importants investissements portant sur l’Homme et ses besoins fondamentaux, au premier rang desquels figurent la santé, l’éducation et l’emploi, mais notre espoir s’est écroulé car le projet n’est dans ses orientations de base que la poursuite de la même logique qui sert les intérêts des grandes entreprises et des hommes d’affaires et fait fi de ceux des classes défavorisées et moyennes, qui restent les plus touchées par les effets de la pandémie, la précarité et la pauvreté».

Le conseiller ittihadi a souligné que le PLF 2022 prévoit un taux de croissance économique avoisinant les 3,2%, ce qui constitue un taux très faible par rapport à celui réalisé cette année ou aux programmes électoraux des partis formant la coalition gouvernementale, dont aucun d’entre eux n’évoquait ce chiffre comme engagement électoral pour les Marocains, ce qui met en doute non seulement les enjeux économiques et sociaux du Maroc aujourd’hui, mais également la confiance qui devrait encadrer la relation entre les hommes politiques et les citoyens marocains.

Pis encore, ce taux de croissance est inférieur à celui avancé dans le programme gouvernemental, à savoir 4% et même «à ce à quoi aspirent les citoyens et les entrepreneurs, car il est incapable de relever les défis de l’économie nationale en termes d’emploi et d’intégration des jeunes et des femmes dans la dynamique économique, surtout dans cette conjoncture critique marquée par la propagation du Covid-19 et ses répercussions négatives sur de larges catégories sociales».

Dans son intervention lors des débats sur le PLF 2022 mercredi 17 novembre au sein de la Commission des finances, de la planification et du développement économique, Youssef Aidi a également évoqué la question de l’endettement et du déficit, tout en affirmant que le gouvernement fonde ses prévisions et hypothèses sur «un prix du baril de pétrole de l’ordre de 80 dollars, alors qu’en réalité, les prix sur les marchés internationaux ont grimpé au cours des derniers jours et il faut s’attendre à une nouvelle hausse, notamment avec le début de la reprise économique mondiale et la forte demande de pétrole».

Tous ces facteurs, selon le conseiller socialiste, pourraient entraîner «une grande vague inflationniste» inédite dans notre pays depuis des années, tout en se demandant ce que le gouvernement a prévu pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens marocains face à cette situation qui pourrait s’aggraver  «par le manque de transparence et la non-application des lois de la concurrence».

Concernant la question de l’emploi, Youssef Aidi a également critiqué le gouvernement qui, selon lui, «manque de moyens et de solutions innovantes, car les 26.000 emplois promis par l’exécutif ne suffisent malheureusement pas à répondre à la grande demande d’emploi dans notre pays, que ce soit pour les diplômés des établissements d’enseignement et de la formation professionnelle, ou pour les milliers de travailleurs victimes de licenciements abusifs sous prétexte des répercussions de la crise de Covid-19».

Pour le conseiller ittihadi, la poursuite de la politique de contractualisation dans les grands secteurs sociaux perpétuerait la précarité sociale, soulignant que chercher à établir des équilibres financiers loin d’une logique globale prenant en compte la qualité des services publics conduit «à des déséquilibres structurels qui auront un impact profond sur les secteurs concernés».

Et Youssef Aidi de conclure son réquisitoire en soulignant que les hypothèses sur lesquelles est fondé le PLF 2022 «n’ont aucun rapport avec la réalité de l’économie marocaine et internationale. Pour cela, le gouvernement doit les repenser, car un projet fondé sur de fausses hypothèses est un projet assurément oiseux».

 

Mourad Tabet

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