Abdelkrim Benatiq : Le Maroc est désormais un pays de résidence. Nous sommes appelés de ce fait à offrir les meilleures conditions pour l’intégration des migrants

Driss El Yazami : Il faut lier la question de la migration à celle des droits de l’Homme

La 11ème édition du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD) a entamé hier ses travaux à Marrakech.
Dans un discours prononcé en l’occasion, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq, a affirmé  que «pour nous, ce forum est une occasion pour discuter le dossier de la migration au niveau mondial. D’autant que le Maroc n’est plus considéré comme pays d’accueil ou de passage, mais il est devenu pays de résidence, et c’est pourquoi nous sommes appelés, en tant que ministère et société civile, à offrir les meilleures conditions pour l’intégration des migrants».
A ce propos, il a rappelé les efforts déployés par le Royaume en matière d’intégration des nouveaux migrants régularisés et détaillé les efforts du Maroc en la matière qui ont notamment consisté en l’inscription de 7.000 enfants de migrants dans les établissements scolaires nationaux, ainsi qu’en l’accès au logement social et à la formation professionnelle.
Le ministre délégué a, en outre, rappelé que la vision Royale déclinée à Addis-Abeba et qui est une vision de symbiose et d’authenticité ouverte aux autres, sans aliénation, de la confiance en l’avenir et de la mutualisation des efforts, a débouché sur des recommandations d’importance articulées en trois axes.
Le premier a trait au fait que la question migratoire ne peut être résolue que par une coopération Sud-Sud et interafricaine qui incite l’Afrique à se tourner vers son avenir avec détermination, en comptant essentiellement sur ses capacités propres.  Le second s’articule autour du fait que cette coopération est d’une importance capitale et le dernier est qu’elle est de nature à permettre de solutionner les problèmes économiques de pays du continent et notamment du Maroc.
De son côté, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme, s’est arrêté sur la question de la terminologie utilisée par les journalistes et les ONG.
A ce propos, il a affiché ses réticences à l’égard de l’utilisation des termes «migrants clandestins». Pour lui, il faut éviter les termes à consonance raciste afin de garantir une bonne intégration des migrants.
«Nous avons une occasion en or pour bénéficier de l’apport des migrants ; notamment via les échanges entre pays africains. Il faut également lier la question de la migration à celle des droits et des libertés», a-t-il souligné.
Cette récente initiative des Etats membres de l’ONU, rappelle-t-on, vise à traiter de manière pratique les interconnexions entre migration et développement et les orienter vers l’action. Il s’agit d’un processus informel, non contraignant, volontaire, mené par les gouvernements, qui marque l’aboutissement de plus d’une décennie de dialogue international sur l´importance croissante des liens entre migration et développement.
Le onzième FMMD intervient cette année dans un contexte spécial marqué par la place importante donnée à la question migratoire sur l’agenda politique international suite à la Déclaration de New York de septembre 2016 et aux préparatifs liés à l’élaboration d’un Pacte mondial pour les migrations et d’un Pacte mondial pour les réfugiés. En effet, la migration est devenue une question plus sensible au vu des graves problèmes d’intégration des migrants dans les pays d’accueil ou dans le marché du travail et la hausse de nombreux migrants morts en mer et dans le désert.
La dernière décennie a été, en fait, une période de transition pour la communauté internationale et pour le FMMD. Des changements fondamentaux ont eu lieu dans le discours sur la migration mondiale depuis 2006, à l’occasion du premier Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. Ce premier Dialogue a permis d’identifier les moyens permettant de tirer le meilleur parti des avantages de la migration internationale pour le développement.
L’autre résultat significatif de ce Dialogue a été la proposition formulée par le Secrétaire général de l’ONU et de son Représentant spécial pour les migrations internationales et le développement en faveur de la création du FMMD. Suite à l’adoption du Programme 2030 en 2015 et à l’inclusion de la cible 10.7, qui a pour objectif de faciliter «la migration et la mobilité de façon ordonnée, sûre, régulière et responsable», la contribution de la migration au développement a été officiellement incluse pour la première fois dans le schéma de développement de l’ONU, de même que les indicateurs qui peuvent être utilisés pour mesurer les progrès en la manière dont les pays gèrent la migration dans l’optique de favoriser le développement.
Dans la perspective des ODD, le Pacte mondial est vu comme un possible cadre directeur pour la mise en œuvre de la cible 10.7 et pour contribuer à la réalisation de la cible 8.8 en matière de protection des travailleurs migrants, entre autres objectifs et cibles. Depuis 2015, le FMMD a concentré ses efforts sur l’examen et la mise en œuvre des ODD liés à la migration par la mise en place, en particulier, du Groupe de travail ad hoc du FMMD sur le Programme 2030 et le Pacte mondial pour les migrations.
La présidence de cette 11ème édition a été assurée conjointement par le Maroc et l’Allemagne. Une initiative unique pour au moins trois raisons. Premièrement, elle place les partenaires des pays du Nord et du Sud sur un pied d’égalité pour diriger les discussions sur les préoccupations communes en matière de migration. Deuxièmement, pour la première fois, ces deux gouvernements ont défini des objectifs clairs et ciblés pour le FMMD  et étalés sur deux ans (une période qui coïncide avec l’élaboration du Pacte mondial pour les migrations et la mise en œuvre rapide des cibles en matière de migration définies dans les objectifs de développement durable ou ODD). Troisièmement, les deux gouvernements ont montré l’exemple ces dernières années en introduisant au niveau national des politiques migratoires tournées vers l’avenir.
Le Maroc a été l’un des premiers pays à soutenir la poursuite du dialogue international sur la migration et le développement au-delà du Dialogue de haut niveau à l’assemblée générale des Nations unies, en septembre 2006.
Il a ainsi activement participé au processus de préparation de la première édition du Forum mondial sur la migration et le développement, tenue du 9 au 11 juillet 2007, à Bruxelles, tant au niveau des réunions des « Amis » du Forum qu’à celui du Groupe ad hoc consultatif sur le futur du FMMD, dont il est membre fondateur.
Le FMMD est ouvert à tous les Etats membres et observateurs des Nations unies et  réunira responsables politiques, membres de la société civile et de la recherche, venant du monde entier. La présidence conjointe s’est fixé pour priorité de mettre l’accent sur les liens entre le FMMD, le Pacte mondial et le Programme 2030, qui ont été mis en avant dans le document intitulé «Recueil thématique 2007 – 2017» présenté par le FMMD au processus du Pacte mondial, et dont l’importance sera soulignée lors des tables rondes de 2018.
Elle compte également analyser la contribution du FMMD au dialogue mondial et à l’élaboration de politiques en matière de migration et de développement. Il est proposé qu’un examen décennal soit mené par un expert ou une agence externe afin de mettre en évidence les succès et les défis rencontrés par le FMMD dans la prise en compte de la migration du point de vue du développement.

 

Marrakech- DNES : Hassan Bentaleb

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