Driss Lachguar lors de son passage dans l’émission “Noukta Ila Satr ” sur “Al Oula ”

Le Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires, Driss Lachguar, a été l’invité de l’émission «Noukta Ila Satr» (Point à la ligne) sur la chaîne de télévision «Al Oula», dans la soirée du mardi 26 octobre.
Face à deux animateurs professionnels de ladite émission, il s’est livré à un exercice intellectuel polémique très édifiant en répondant en toute franchise aux interrogations de ses interlocuteurs dans un entretien assez exhaustif qui s’est focalisé au- tour de la constitution de la nouvelle majorité parlementaire à l’issue du scrutin du 8 septembre dernier, la désignation du nouveau chef du gouvernement, la décision de l’USFP de se ranger dans les rangs de l’opposition, la formation de l’institution de l’exécutif, la déclaration de politique générale et le débat à peine ouvert au- tour du projet de loi de Finances après sa discussion en conseil des ministres et sa présentation aux députés et conseillers parlementaires.

Par ailleurs l’animatrice et l’animateur, qui encadraient l’entretien, non sans professionnalisme, n’ont pas manqué d’aborder l’état de l’organisation et de l’action du parti de l’Union socialiste des forces populaires à l’horizon de la tenue de son 11ème Congrès et de l’élection de la nouvelle direction de la formation.
Ainsi, l’entretien a été amorcé par la question du processus de vaccination contre la Covid-19 et la récente obligation décrétée par le gouvernement quant au port du pass sanitaire, en tant que document officiel exclusif nécessaire pour autoriser les déplacements entre les provinces et préfectures du pays de même que pour l’accès aux locaux de l’administration publique, aux services de l’Etat et des collectivités territoriales et même aux différentes unités commerciales, hôtelières ou autres, question qui suscite un débat polémique dans les différents milieux populaires et au sein des composantes de la société civile et des universités.
Pour le Premier secrétaire de l’USFP, les tiraillements entre les citoyens favorables à la vaccination et ceux qui sont contre ce processus n’ont pas à avoir lieu de même que la vaccination ou son rejet fait partie de nombreuses priorités urgentes et délicates quant aux attentes des Marocains.
En effet, comme l’énumère le Premier responsable du parti, les su- jets d’actualité qui constituent les principales préoccupations de la majeure partie de la population sont les dernières hausses des prix des pro- duits de première nécessité, le projet de loi de Finances (PLF) face aux contraintes économiques et sociales, les défis extérieurs et l’escalade du voisin de l’Est allant jusqu’à déclarer chaque jour la guerre. De ce fait, la question de la vaccination ou de son rejet devrait occuper sa véritable dimension. La polémique autour de ce sujet, d’après lui, revêt une posture intellectuelle puisant sa force dans les péripéties du militantisme en faveur de la liberté dans son acceptation générale. Toutefois, il faut reconnaître, indique-t-il, que l’Etat a pleinement réussi dans sa gestion de projet collectif en perspective de l’immunisation totale de la population. Nous devons, à cet effet, accompagner ses efforts car des revendications, même basées sur le principe des libertés individuelles, ne peuvent être prises en considération dès lors qu’elles s’avèrent contraires aux convictions de la majeure partie de la collectivité.
Concernant les développements survenus au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin législatif, entre autres, du 8 septembre, en l’occurrence les consultations du chef de gouvernement désigné avec les différentes formations politiques y ayant pris part, la constitution de la majorité parlementaire et la formation de l’Exécutif, Driss Lachguar en a clairement fustigé l’issue estimant que cela constitue une grave entorse à la démocratie et à la volonté des électeurs et précisant qu’à la déclaration ultérieure du chef du gouverne- ment dont la teneur est que la majorité tripartite parlementaire tra- duit la volonté de la population, il ré- pond que ce dernier ne conduit pas la majorité voulue et choisie par les Marocains à travers les urnes. «Les citoyens ont choisi leur majorité par le choix de partis qui ont démontré leur aptitude à évoluer et à améliorer leur action et leur positionnement», a-t-il souligné.
Quant à l’Union socialiste des forces populaires, elle a toujours opté pour l’action politique rivée essentiellement sur l’intérêt général et le bien- être de la population, que ce soit au parlement en faisant partie de l’Exécutif ou en se proclamant dans l’op- position ou même en se déployant dans la société à travers ses institutions et ses associations, développe Driss Lachguar en précisant que cela se traduit par la devise tracée par le parti, à savoir « le Maroc d’abord, une nouvelle alternance à vocation sociale-démocrate ».
« En lisant posément le communiqué du Conseil national du parti et notamment l’allocution que j’ai prononcée lors de ses assises, l’on retrouve notre détermination à servir notre pays que ce soit en faisant partie du gouvernement ou dans l’opposition » a-t-il rappelé.

Le Premier secrétaire du parti réitère, par ailleurs, que l’USFP demeure bien déterminée à se déployer pleinement en s’appuyant sur sa longue expérience dans les rangs de l’opposition et en disposant d’une longue étendue populaire. Néanmoins, il met l’accent sur le déséquilibre occasionné par « l’incursion » flagrante révélée dès la constitution de la majorité, issue de la fameuse alliance tripartite, la formation du gouvernement et l’application de règles de gestion des travaux du Parlement bien que le règlement ne soit pas encore entériné. C’est que la majorité actuelle, précise-t-il, minimise manifestement la stature de l’opposition. En effet, alors que les dispositions de la Constitution insistent sur l’équité et la parité complète, le nouveau Parlement impose une grande différenciation entre la majorité et l’opposition, notamment en matière de durée de parole accordée à l’une et à l’autre, privant, de la sorte, l’opposition de toute capacité d’apporter une valeur ajoutée à l’action parlementaire. A titre d’exemple, du fait de la grande réduction du temps de parole réservé aux composantes de l’opposition, il s’avère désormais impossible de présenter une notion de censure, portant l’une des plus grandes illustrations de la pratique démocratique.
Le Premier secrétaire de l’USFP relève, avec consternation, que l’on entend d’ores et déjà la formule «Conformément au règlement intérieur du Conseil», alors que l’institution parlementaire n’a pas encore ratifié ledit règlement.
Pour toutes ces considérations et d’autres, il affirme avec certitude que l’incursion existe bel et bien dans le nouveau paysage politique. D’ailleurs, l’action politique et les données y afférentes confirment manifestement ce phénomène, a-t-il ajouté en prenant soin de préciser que la pratique démocratique ne s’appuie pas seulement sur le vote numérique mais aussi favorise souvent le recours au consensus comme cela se pratique dans les vieilles démocraties, à travers le monde où les majorités contribuent à maintenir l’équilibre entre gouvernement et opposition à travers le mécanisme subtile du consensus.
Là-dessus, parmi les illustrations de l’incursion tripartite figure l’annonce de la présentation du PLF et de la tenue d’une séance à cet effet bien avant que le conseil des ministres n’en détermine les contours. L’incursion, martèle Driss Lachguar, a lieu lorsqu’on prend des mesures sans consulter les autres parties.
Il a, en outre, souligné le caractère conservateur de la nouvelle structure gouvernementale, eu égard aux orientations distillées par ses composantes. Il s’agit, de ce fait, d’un gouvernement conservateur auquel il faut faire face, a-t-il ajouté.
Revenant sur l’avènement de l’alliance tripartite RNI, PAM et PI au lendemain des échéances électorales du 8 septembre, le Premier secrétaire du parti note que ce regroupement ne traduit pas de convergences quant aux orientations économiques et sociales, particulièrement, quant on se réfère à leurs programmes électoraux séparés. Personne ne prédisait, par conséquent, une telle alliance postélectorale.

A l’interrogation sur la position de l’USFP vis-à-vis du RNI et de la majorité tripartite et si elle ne découle pas de ses différends avec le PAM, Driss Lachguar a tenu à préciser son attitude à l’égard de cette composition qui n’est nullement liée à son rapport au PAM. En revanche, il conteste la formation, à partir de ces trois partis de la majorité gouvernementale, soulignant que la pratique démocratique place toujours le premier parti à la direction des affaires publiques et place le deuxième parti dans l’opposition en tant qu’alternative à d’éventuels échecs de la formation en tête.
C’est ce qui justifie l’hypothèse de notre admission au sein de la majorité accompagnée de la posture du PAM dans l’opposition. Cela aurait été le scénario le plus opportun pour l’équilibre des institutions. « Nous nous installons confortablement dans la posture de l’opposition, a déclaré le Premier secrétaire, et nous remplirons pleinement, assidûment et assurément notre rôle par un contrôle responsable et une critique constructive de l’action du gouvernement. A cet effet, notre évaluation du programme de ce dernier sera étayée par des données chiffrées et précises ».
Dans ce contexte, Driss Lachguar n’a pas manqué de relever que durant la période de la campagne électorale, tous les acteurs en lice insistaient sur la protection sociale, la promotion de la santé, le développement du système de l’éducation, le renforcement de l’emploi et la mise en œuvre d’une véritable équité fiscale, mais la déclaration de politique générale n’a maintenu toutes ces orientations que dans le registre des slogans, en les occultant totalement à travers la teneur effective du projet de loi des Finances. « Par contre, pour notre part, nous n’avancions pas de slogans populistes, a-t-il souligné, mais présentions des données réalistes, concrètes et précises ».
Il enchaîne, en outre, que dans le programme gouvernemental de même que dans le PLF rien ne présage de la posture réellement sociale de l’Etat. D’ailleurs, les indices et données numériques avancées quant au taux de croissance, au déficit budgétaire et aux postes d’emploi à pourvoir se révèlent d’ores et déjà indigents et très peu rassurants. « Nous sommes une force suggestive, nous avons notre référentiel, nos alternatives et nos propositions, nous voudrions opérer des initiatives de contrôle mais nous ne sommes pas des adeptes de la critique fortuite et de la diffamation. Bien au contraire, nous sommes pour la construction », a précisé le Premier secrétaire de l’USFP, en exprimant, son regret face aux agissements du gouvernement qui dénotent clairement d’une incursion acharnée visant à marginaliser et affaiblir le rôle de l’opposition. Sa Majesté le Roi, dans son dernier discours à l’adresse des représentants de la nation, a recommandé l’existence d’une opposition forte et suggestive car il ne peut y avoir de gouvernement fort en l’absence d’une opposition forte.
D’autre part, s’agissant de la coordination et la concertation des différentes composantes de l’opposition, Driss Lachguar a précisé qu’il s’agit là, d’un fait objectif et non d’une question de volonté mais nous nous trouvons parmi des rangs composites et manquant de convergence des points de vue et des référentiels, ce qui confère à cette situation un caractère confus et incohérent. « Nous ne pouvons pas concerter avec un parti qui pourrait s’avérer plus conservateur que le gouvernement», a-t-il ajouté.

Abordant l’opportunité de l’unification des rangs de la gauche, évoquée par son interlocutrice, le Premier secrétaire de l’USFP a souligné que son parti adhère à toute entreprise dans ce sens, en indiquant qu’il a eu des rencontres avec certaines parties de la gauche marocaine, sur leur demande ou par pur hasard qui se sont révélées prometteuses. Il a affirmé aspirer à un tel état des choses à même de faire face à ce gouvernement conservateur, exercice que l’on ne peut accomplir en s’appuyant sur une opposition hétéroclite et divergente…
Enfin, sur le registre de l’état de la formation de l’USFP à l’horizon du 11ème Congrès et du renouvellement de la direction et des instances du parti, le Premier secrétaire, faisant allusion à l’intégration du parti travailliste lors du 10ème Congrès, évoquée par son interlocutrice, rappelle que les Ittihadis tablaient unanimement sur la réconciliation et le retour des militants mécontents pour garantir le renouveau et la redynamisation de l’action de leur formation.
Ayant réussi cette étape, ajoute-t-il, il est disposé, à l’instar de toute la direction du parti, à accueillir, les bras ouverts, tous les revenants pourvu qu’ils demeurent imprégnés des principes de modernité, de justice, d’équité et de progrès.

 

Rachid Meftah

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