Communiqué du bureau politique de l’USFP du 5 janvier 2017
Après avoir pris acte du rapport du Premier secrétaire, Driss Lachguar, sur les concertations relatives à la formation du gouvernement, le Bureau politique de l’USFP, réuni jeudi dernier, après des débats approfondis confirme ce qui suit :
Il considère qu’il est de son devoir d’informer l’opinion publique des derniers développements à propos de ces concertations. Et ce, dans le cadre de la transparence devant caractériser la pratique politique de manière générale et les concertations en cours en vue de former la majorité, surtout qu’il s’agit d’une question qui revêt une importance capitale pour le peuple et l’Etat et exige d’être traitée avec maturité et un esprit élevé de patriotisme.
Dans cet ordre, le Bureau politique rappelle les concertations ayant eu lieu avec notre parti et qui étaient initiées par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Le Premier secrétaire avait exprimé lors des deux rencontres consacrées à ce sujet, la disponibilité de l’USFP à adhérer à la nouvelle majorité, en se basant sur les principes d’entente nécessaires conformément aux us et coutumes démocratiques ; ce qui a été confirmé par le communiqué de la Commission administrative nationale de notre parti, réunie le 12 novembre 2016.
Ce qui s’est avéré par la suite, c’est que le chef du gouvernement désigné a traité le dossier des concertations avec une méthodologie que les acteurs politiques, les hommes de médias et les analystes n’ont pas pu saisir. Tantôt, il oppose un parti à un autre, tantôt il exploite une coalition pour contrer une autre dans le dessein de transformer les partis en épouvantails, de les utiliser dans une opération de troc destinée à servir uniquement les intérêts de son parti.
En dépit de la position positive adoptée par l’USFP quant à la formation du gouvernement, et qui s’est traduite clairement lors de la seconde réunion entre Driss Lachguar et Abdelilah Benkirane par l’engagement de celui-ci à intégrer notre parti à la majorité qu’il était en train de constituer, à poursuivre ses concertations avec les autres partis et à présenter les conclusions à l’issue desdites concertations, cela n’a pas été le cas avec notre parti. Ce qui confirme la conclusion à laquelle nous sommes parvenus concernant l’ambiguïté caractérisant la méthodologie du chef du gouvernement et son intention tout au long de ce processus.
Les derniers développements ont confirmé le bien-fondé de nos conclusions, d’autant plus que les concertations ont permis au chef du gouvernement de constituer une majorité forte qu’il aurait pu annoncer avant de débattre des visions, des programmes et des structures. Mais il a préféré, malheureusement, recourir à la confusion, à la polémique, aux campagnes de propagande et d’allégations par médias interposés. Ni le chef du gouvernement ni les parties de son bord n’avaient d’autres objectifs que d’user de cette stratégie dans une opération de tractations, ce que notre parti ne saurait admettre.
Bien plus, la proposition de désigner Habib El Malki à la présidence du Parlement, comme étant un droit qui revient à tout parti, a été interprétée de manière négative, et ce dans le cadre d’une action systématique d’intimidation intellectuelle qui fait de toute proposition de rapprochement entre les partis ou de toute opinion n’ayant pas eu l’aval préalable du chef du gouvernement un «complot» et un «blocage» ; usant de la sorte d’une langue et de concepts inédits sur l’échiquier politique marocain. De ce fait, l’action des institutions, y compris partisanes, semble tributaire de la bénédiction du chef du gouvernement ; ce qui porte profondément atteinte aux acquis de l’Etat de droit pour lesquels nous avons milité.
L’USFP qui a jugé bon d’observer un certain mutisme et de la retenue à l’égard de nombreuses déclarations trompeuses et préjudiciables au parti ne peut que confirmer de nouveau que la responsabilité de la formation du gouvernement n’est pas une tâche aisée ni une saute d’humeur, et encore moins une attitude partisane étriquée, mais un engagement total envers l’Etat et le peuple. Une responsabilité que l’on ne peut sous-estimer sans se soumettre aux règles de bienséance et de respect des instances partisanes, de la transparence et de recours à des programmes et des projets clairs, ainsi qu’à des visions concertées en vue de gérer la chose publique.
L’USFP déplore la prédominance d’une vision étriquée à propos d’un sujet de grande importance, puisque la Constitution impute au gouvernement, à son chef et à sa majorité de lourdes responsabilités et d’importants engagements dans les domaines de la politique intérieure et étrangère du Royaume. Ce qui contraint Abdelilah Benkirane à traiter la question des concertations selon une nouvelle méthodologie et à revoir les méthodes utilisées jusqu’à présent et qui ont retardé le fonctionnement des institutions avec, à leur tête, l’institution législative ; ce qui induit une perte du temps politique pour le pays et une grande faiblesse dans le suivi de dossiers cruciaux à différents niveaux.
Le Bureau politique, en débattant du déroulement des concertations et des positions exprimées par le chef du gouvernement et le PJD, souligne que la majorité proposée demeure numériquement limitée et que sa conception a été marquée par un esprit étriqué visant le règlement des comptes et ne satisfaisant pas les aspirations des Marocains à un gouvernement fort et à même de relever les grands défis auxquels fait face notre pays sur les plans intérieur et extérieur.
Partant de ces conclusions, le Bureau politique a décidé la poursuite par le Premier secrétaire, Driss Lachguar, des contacts avec les autres partis politiques concernés par ces concertations, en vue de débattre de cette situation et de l’issue du processus de formation du gouvernement, ainsi que de la méthodologie et des procédures qui ne sont plus du seul ressort du chef du gouvernement désigné par S.M le Roi, puisque les structures du PJD en décident lors de leurs réunions et à travers leurs communiqués en violation flagrante des dispositions de la Constitution.
Le but de la décision prise par le Bureau politique est d’œuvrer à réorienter le processus de formation du gouvernement pour aboutir à une institution forte et homogène capable d’accompagner la dynamique de notre région sur les plans continental et international, tout en répondant aux attentes et aspirations du peuple marocain.
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